Jean-Claude Arnault avant l’ouverture des débats de son procès en appel, le 12 novembre à Stockholm. / JONATHAN NACKSTRAND / AFP

Le Français Jean-Claude Arnault a réclamé, lundi 12 novembre, son acquittement à l’ouverture de son procès en appel pour viol ; une affaire qui avait entraîné le report du prix Nobel de littérature 2018.

Jean-Claude Arnault, 72 ans, avait été condamné au début d’octobre en première instance à deux ans de prison, dans un scandale lié au mouvement #MeToo qui a fait imploser l’Académie suédoise. Selon son avocat, M. Arnault, incarcéré depuis sa condamnation, soutient que les relations sexuelles avec son accusatrice, à deux reprises en 2011, étaient consenties.

Lundi, Jean-Claude Arnault est arrivé à la cour d’appel de Stockholm menotté, escorté par des policiers. « Jean-Claude Arnault s’affirme innocent et espère donc son acquittement », a déclaré son avocat, Björn Hurtig, à l’ouverture des débats, avant le prononcé du huis clos par le président de la cour.

M. Arnault n’a été condamné que pour un des deux viols pour lesquels il était poursuivi. L’accusation et la partie civile demandent qu’il soit condamné en appel pour les deux faits et à une peine de prison plus longue.

18 femmes

Le scandale a éclaté en novembre 2017, un mois après les révélations sur les viols et les autres agressions sexuelles imputés au producteur de cinéma américain Harvey Weinstein.

Dix-huit femmes, dont la plaignante, témoignent dans le quotidien Dagens Nyheter des viols, agressions sexuelles et faits de harcèlement dont elles se disent victimes de la part du Français.

M. Arnault entretenait des liens étroits avec l’Académie suédoise – qui décerne depuis 1901 le prix Nobel de littérature –, dont les membres se déchirent sur leurs responsabilités et la façon de gérer la crise.

Jean-Claude Arnault était le directeur artistique de Forum, un club très sélect qu’il avait créé en 1989 et où se côtoyaient éditeurs, écrivains, dramaturges ou musiciens en vue, mais également de nombreuses jeunes femmes. Il recevait de généreux subsides de l’Académie suédoise. Ses accusatrices affirment que l’académie connaissait ses écarts de conduite mais que l’influente institution faisait régner une « culture du silence » dans les cercles culturels de Stockholm.

Il se vantait d’être le « 19e membre » de l’Académie. Selon des témoins, il soufflait le nom des futurs lauréats du Nobel à ses amis.

Décrédibilisée, privée du quorum nécessaire pour fonctionner après le départ de plusieurs sages, l’Académie suédoise a reporté d’un an l’annonce du Nobel de littérature 2018, une première depuis soixante-dix ans.

Plusieurs plaintes visant le Français ont été classées faute de preuves ou frappées par la prescription. Le procès doit s’achever mercredi. Le verdict sera mis en délibéré.