Theresa May arrive au 10, Downing Street, à Londres, le 14 novembre 2018. / Stefan Rousseau / AP

Le gouvernement britannique s’est réuni mercredi 14 novembre après-midi autour de la première ministre Theresa May pour se prononcer sur le projet d’accord sur le Brexit conclu la veille à Bruxelles, étape cruciale du processus de divorce. La réunion du cabinet a commencé à 14 heures et se prolonge plus longtemps que prévu. Theresa May doit donner une conférence de presse en fin de journée, d’abord progammée à 18 heures, elle devrait avoir lieu aux alentours de 19 heures.

La première ministre avait reçu ses ministres individuellement mardi soir pour s’assurer de leur soutien. L’adhésion du gouvernement au projet d’accord est indispensable pour permettre l’organisation d’un sommet exceptionnel des dirigeants européens destiné à valider l’accord de retrait. « Ce que nous avons négocié est un accord qui répond au vote des Britanniques » lors du référendum de juin 2016, a martelé peu avant la réunion de son cabinet Theresa May devant les députés.

La réunion du cabinet est un « moment de vérité », soulignaient mercredi les quotidiens Financial Times et The Telegraph, tandis que pour le tabloïd The Sun, ce projet d’accord est une « trahison » et « doit être rejeté ». Plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés devant Downing Street pour réclamer le rejet du texte, à l’appel du groupe pro-Brexit « Leave means Leave ».

Un texte étudié par les ambassadeurs de l’UE

A Bruxelles, les ambassadeurs des 27 autres pays de l’Union européenne (UE) se sont également retrouvés à 15 heures pour étudier le texte. Dans la matinée, le gouvernement irlandais s’est lui aussi réuni pour étudier la proposition.

L’un des enjeux majeurs de l’accord réside dans les dispositions visant à empêcher le retour d’une frontière physique entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande voisine, question sur laquelle les négociations butaient ces dernières semaines.

Selon une source européenne, le projet d’accord prévoit un « filet de sécurité » destiné à éviter cette frontière physique qui voit l’ensemble du Royaume-Uni rester dans une union douanière avec l’UE ainsi qu’un alignement réglementaire plus poussé pour l’Irlande du Nord pendant une période de transition, jusqu’à ce que les discussions sur la future relation commerciale entre les deux parties soient conclues.

La fin de cette période de transition ne serait pas décidée unilatéralement par le Royaume-Uni, comme il le souhaitait, et la solution retenue est plus proche de la décision commune réclamée par l’UE, a-t-on ajouté de même source.

L’Irlande du Nord « sera traitée de manière très différente du reste du Royaume-Uni. Beaucoup de personnes concluent que cela aboutira à une frontière réglementaire en mer d’Irlande », a dénoncé sur la BBC Jeffrey Donaldson, député du parti nord-irlandais DUP, allié du Parti conservateur de Mme May et force d’appoint indispensable pour disposer d’une majorité absolue au Parlement.

Au sein des tories, le projet d’accord est loin de faire l’unanimité. Partisans et opposants du Brexit craignent qu’il n’oblige le Royaume-Uni à se plier aux règles de l’UE pendant des années, et l’empêche, dans les faits, de « reprendre le contrôle » de sa politique.

« Avec cet accord, nous allons rester dans l’union douanière, nous allons rester, de fait, dans le marché unique », a déploré Boris Johnson sur la BBC, estimant que cela ferait du Royaume-Uni un « Etat vassal » de l’UE puisque le pays ne sera plus partie prenante du processus de décision. « J’espère que le cabinet fera ce qu’il faut et rejettera » l’accord, a-t-il lancé.

« Je ne pourrai pas regarder mes électeurs dans les yeux et leur affirmer qu’il s’agit d’un accord meilleur que celui que nous avons en tant que membre de l’UE », a expliqué Dominic Grieve, l’un des leaders du camp pro-UE du Parti conservateur, pour justifier qu’il voterait contre ce texte.