Le journal d’informations générales « L’Aube ». / DR

Une « inquiétante érosion de la liberté de la presse » est en cours au Gabon, a dénoncé mercredi 14 novembre l’ONG Reporters sans frontières (RSF) dans un communiqué, quelques jours après la nouvelle suspension d’un organe de presse. « Nous appelons à la levée immédiate de ces nouvelles suspensions contre un journal et son rédacteur en chef, dernier acte d’une inquiétante érosion de la liberté de la presse observée ces derniers mois au Gabon », a indiqué Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF.

Le journal suspendu, L’Aube, avait publié début novembre un article sur la santé du président Ali Bongo Ondimba, hospitalisé depuis trois semaines, en titrant : « Le Gabon en (très dangereux) pilotage automatique ». Le journal demandait au premier ministre gabonais, Emmanuel Issoze-Ngondet, « d’investir » la présidente du Sénat, Lucie Milebou Mboussou, qui doit assurer une présidence intérimaire en cas de vacance du pouvoir, « dans ses fonctions républicaines ». L’Aube a été suspendu pour trois mois.

« Dérive autoritaire »

Son rédacteur en chef a de même été interdit d’exercer son métier pour six mois par la Haute Autorité de la communication (HAC), et ce « alors qu’aucun texte de loi ne donne autorité à l’organe de régulation des médias du Gabon pour suspendre un journaliste », dénonce RSF. L’ONG ajoute que la création en février de la HAC s’est accompagnée d’« une multiplication des suspensions », et notamment « des médias qui critiquent le pouvoir, le président ou son entourage ».

Mercredi, l’Organisation patronale des médias (OPAM) a également dénoncé la « dérive autoritaire » de la HAC, selon un communiqué. Fin août, la même autorité de régulation des médias avait suspendu pour trois mois la chaîne de télévision française France 2 pour avoir rediffusé un documentaire critique sur le président Ali Bongo Ondimba.

Le président gabonais, 59 ans, a été hospitalisé le 24 octobre à Ryad, en Arabie saoudite, à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Dimanche, la présidence a indiqué que M. Bongo était « en phase de recouvrement de la plénitude de ses facultés physiques », reconnaissant de manière implicite la gravité de son état de santé.