« La dernière personne à quitter le gouvernement pourrait-elle, s’il vous plaît, éteindre la lumière ? » Le titre ironique affiché en première page du journal londonien Evening Standard, vendredi 16 novembre, résume l’incertitude des médias britanniques après la démission de cinq membres du gouvernement de Theresa May en réaction à l’accord trouvé par la première ministre britannique avec l’Union européenne. Le quotidien qualifie « de plus grande crise jusqu’à présent » la menace d’un vote de défiance du gouvernement brandie par plusieurs députés conservateurs, pour qui le deal présenté mercredi maintient Londres sous la tutelle du continent, allant à l’encontre du choix des Britanniques lors du vote du Brexit, en 2016.

La « une » de l’« Evening Standard » du vendredi 16 novembre.

Le Daily Telegraph rappelle de son côté la détermination de la première ministre en reprenant un extrait de son discours de jeudi : « Est-ce que j’irai jusqu’au bout ? La réponse est oui. » Mais le journal conservateur affiche aussi en « une » l’opinion d’éditorialistes fermement opposés aux choix de Theresa May : « Nous avons besoin d’un maître des échecs pour s’écharper avec Bruxelles, pas l’éternel second du tournoi de tiddlywinks [sorte de jeu de puce britannique] de Towcester [une petite ville du nord de l’Angleterre] de 1973 », lance Allison Pearson en dénonçant l’amateurisme de la chef de gouvernement, et en demandant son départ.

Un risque de départ également souligné par le Times, qui titre : « Esseulée, Theresa May chancelle » au lendemain de la série de démissions. « La première ministre est dévastée par les départs causés par le Brexit » et serait « à la merci des membres restants de son gouvernement », estime le quotidien britannique. « L’ampleur du défi que représente le feu vert du Parlement sur l’accord avec Bruxelles est apparue au grand jour pendant les trois heures de débats entre la première ministre et la Chambre des communes », analyse le journal.

L’édition du 16 novembre de « The Times ».

Le plus libéral Guardian évoque de son côté la détermination de la première ministre, résumant une journée compliquée pour Theresa May après l’annonce de l’accord : « Démissions, tentative de renversement et climat hostile. Mais May continue de se battre ».

Le Daily Mail prend lui le parti de défendre la ligne de Theresa May et d’attaquer frontalement ses critiques, demandant à propos des conservateurs opposés à la chef du gouvernement sur le Brexit : « Ont-ils perdu la tête ? » Le journal accuse leur action de porter atteinte « à la première ministre, au parti, au Brexit et au futur des Britanniques » – leur vision de l’accord avec l’Union européenne est même qualifiée de « note de suicide économique » par le quotidien conservateur et populaire.