François Molins intervient lors de sa prise de fonctions près la Cour de cassation, le 16 novembre. / ALAIN JOCARD / AFP

Le magistrat François Molins, devenu après les attentats de 2015 le visage de l’antiterrorisme en étant à la tête du parquet de Paris, a été installé, vendredi, dans ses nouvelles fonctions de procureur général près la Cour de cassation. François Molins a pris ses fonctions lors d’une audience solennelle en présence de la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, et devant une assemblée de magistrats en robe, sous les ors de la Cour de cassation, la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire. M. Molins succède à ce poste prestigieux, le plus élevé au sein du parquet, à Jean-Claude Marin, parti à la fin de juin. Il l’avait déjà remplacé en 2011, en devenant procureur de la République de Paris.

Il a détaillé sa vision de ses nouvelles fonctions. « L’avocat général doit veiller à la cohérence de la jurisprudence et se soucier qu’elle ne fonctionne pas dans un système clos. (…) L’avocat général lance une idée, il parle pour demain en portant un regard éclairé et lucide sur l’évolution des problèmes de notre société », a-t-il déclaré. L’avocat général, « totalement libre et indépendant (…) ne peut recevoir d’ordre d’aucune autorité, interne ou externe, et ne soutient pas d’accusation », a-t-il souligné.

« Besoin de transparence »

François Molins a évoqué la « nécessaire » réforme du parquet. « Il est temps de rompre avec vingt ans d’hésitation et de renforcer l’indépendance statutaire du ministère public », a déclaré ce magistrat qui a passé sa carrière au parquet. « Les décisions de justice, pour être reconnues, ont besoin de transparence ; elles ont besoin que ne soient suspectés ni le magistrat lui-même ni le pouvoir politique. La démocratie est à ce prix. »

Bertrand Louvel, premier président de la Cour de cassation, a rappelé la « carrière brillante » de M. Molins. « C’est dans les fonctions de procureur de la République de Paris que vous avez acquis non seulement la notoriété mais surtout la confiance de la société française, grâce à la maîtrise technique et aux qualités humaines que vous avez manifestées au cours des événements tragiques de ces dernières années. Elles ont donné la meilleure image de la magistrature », a rendu hommage le plus haut magistrat de France. M. Molins a d’ailleurs partagé dans son discours « une pensée émue » pour les victimes des attentats et leurs familles. Son successeur au parquet de Paris, Rémy Heitz, a également pris ses fonctions ce vendredi.