Michel Fourniret et son ancienne femme, Monique Olivier, le 13 novembre, à la cour d’assises de Versailles. / BENOIT PEYRUCQ / AFP

L’avocat général Benoît Meslin a requis, vendredi 16 novembre, la réclusion criminelle à perpétuité contre Michel Fourniret et Monique Olivier, et demandé à la cour d’assises de Versailles (Yvelines) de les déclarer coupables de l’assassinat de Farida Hammiche en 1988 (pour lui) et de complicité d’assassinat (pour elle), ainsi que du délit de recel de vol, en l’occurrence une partie du trésor du gang des postiches.

Les deux accusés, âgés respectivement de 76 ans et 70 ans, ont déjà été condamnés à la prison à perpétuité en 2008 à Charleville-Mézières (Ardennes), pour les meurtres et assassinats de sept adolescentes et jeunes femmes entre 1987 et 2001. Perpétuité incompressible pour Michel Fourniret ; assortie d’une peine de sûreté de vingt-huit ans pour Monique Olivier.

Dans son réquisitoire, d’une mollesse étonnante, Benoît Meslin a appelé le jury à « ne pas faire de différence entre les deux accusés, tous les deux également coupables » : « Michel Fourniret a reconnu que c’est lui qui avait tué Farida Hammiche. Monique Olivier voudra vous convaincre qu’elle a eu un rôle moins important, et qu’elle doit être punie moins sévèrement. Ce n’est pas mon avis. »

« C’est un couple, un aigle à deux têtes »

« Elle savait de quoi Fourniret était capable, a-t-il poursuivi. Elle était évidemment au courant du projet de suppression de Farida Hammiche. Elle a contribué, peut-être encore plus que Michel Fourniret, à l’entraîner à Clairefontaine », là où la jeune femme de 30 ans a été tuée. « On se méfie moins d’une femme. On se méfie encore moins d’une femme enceinte. » Selim Fourniret, le fils du couple, est né six mois après l’assassinat de Farida Hammiche.

Plus tôt dans la matinée, les avocats des parties civiles avaient eux aussi insisté sur le rôle de Monique Olivier. « C’est un couple, un aigle à deux têtes, ne les dissociez pas, a insisté Me Yolaine Bancarel, avocate de la famille Hammiche. Sans elle, il n’est rien. » Pour Me Corinne Herrmann, avocate de Jean-Pierre Hellegouarch, l’ancien mari de Farida Hammiche, « elle est sa muse, c’est elle qui a armé le bras » de Michel Fourniret, « petit artisan du crime ». « Le piège était parfait, parce qu’il y avait une femme dans l’histoire. On ne se méfie pas d’un couple », a estimé Me Didier Seban, qui défend aussi M. Hellegouarch, et voit dans le couple Fourniret-Olivier « le mal absolu ».

« Tuer pour le plaisir, pour pouver qu’ils sont quelqu’un »

« Il n’y a que leur volonté complètement égocentrée de tuer pour le plaisir, pour pouver qu’ils sont quelqu’un, se mettre en valeur à leurs propres yeux », a conclu Benoît Meslin, qui a surpris par son apathie, et dont la faiblesse du réquisitoire traduit le caractère presque anecdotique – hormis pour les proches de la victime, évidemment – de cet « autre procès Fourniret », dix ans après les neuf semaines d’audience retentissantes de Charleville-Mézières.

Les parties civiles ont d’ailleurs vivement exprimé leur regret que l’affaire Hammiche, pour laquelle une information judiciaire avait été ouverte dès 2004, n’ait pas été jugée en même temps que les autres affaires.

En 2008, l’avocat général Francis Nachbar avait fait preuve, à l’inverse, d’une virulence rare, employant des mots d’une sévérité extrême à propos d’un duo qu’il avait « beaucoup de mal à imaginer comme humain » : deux accusés « absolument monstrueux », « deux fêlés », « une grosse araignée visqueuse et une petite araignée vibrionnante ». Au bout de cinq heures de réquisitoire – celui de Benoît Meslin a été cinq fois moins long –, il avait conclu « à gerber, Fourniret. A gerber, Olivier ».

Le verdict est attendu dans la soirée, après les plaidoiries des deux avocats de la défense.