C’est l’histoire d’une rivalité née au cours de ces dernières années. D’un côté les Lyonnaises, duodécuples championnes de France en titre, victorieuses de six des sept dernières coupes de France, et de cinq Ligues des champions depuis 2011, dont les trois dernières.

En face, les joueuses du Paris-Saint-Germain, au palmarès quasi-vierge (deux coupes de France), et un statut de dauphin quasi-permanent. Quintuples vice-championnes de France depuis 2013 (elles ont fini troisièmes en 2017), elles ont buté sur l’OL lors de deux finales de Coupe de France (2014 et 2017) et de deux finales de Ligue des champions (2015 et 2017), sans parler de la demi-finale, en 2016. Alors forcément côté parisien, on espère enfin conjurer la malédiction, dimanche 18 novembre, sur la pelouse de Jean-Bouin, lors de la 10ème journée du championnat.

Pour le PSG, le déclic a peut-être eu lieu la saison passée quand les Parisiennes ont privé les Lyonnaises de leur premier titre national depuis 2011 : une Coupe de France remportée sur la plus petite des marges (1-0), et au terme d’un scénario complètement fou, quelques jours seulement après une victoire lyonnaise en Ligue des champions.

Coupe de France Féminine, finale : Paris-SG - Olympique Lyonnais (1-0), le résumé I FFF 2018
Durée : 02:04

Le match avait été arrêté pendant près d’une heure à cause des orages, avant de finalement reprendre, au grand dam de l’entraîneur lyonnais et de son président, Jean-Michel Aulas. Au bout des 90 minutes, les Parisiennes s’étaient imposées, après un but refusé à la Rhodanienne Ada Hegerberg à la dernière seconde pour une faute, qui semblait loin d’être évidente.

« Enfin, on est à la place du gagnant »

Suffisant pour que le PSG version féminin remporte son premier titre sous l’ère qatarie et ne prive l’OL d’un troisième triplé (championnat, coupe nationale, Ligue des champions) consécutif. Et c’est peu dire que cette victoire a dû faire du bien aux Parisiennes.

« Avec tout ce qu’on a vécu, c’est encore plus magique de gagner cette coupe, expliquait Grace Geyero à l’issue de la rencontre. Enfin, on est à la place du gagnant. Ce moment restera gravé à vie. C’est très fort pour moi qui suis formée au PSG. Il y a eu beaucoup de solidarité entre nous du début à la fin. On n’a rien lâché, et ça a payé. On s’est dit qu’il fallait se battre, pour nous, pour le club. On s’est appuyées sur les finales perdues l’an dernier. C’est une nouvelle ère qui commence. »

Un résultat pas vraiment du goût des Lyonnaises, à l’image de la capitaine Wendie Renard. « Je pense qu’on a été volées. […] On a été volées encore une fois. On est revenues sur le terrain, on a notre job du mieux que possible, et je constate qu’on a été volées. »

Rien de mieux qu’une telle polémique pour lancer une belle rivalité dans un championnat qui en manque cruellement pourrait-on penser. Et pourtant, aujourd’hui, alors que Parisiennes et Lyonnaises se retrouvent sur la pelouse de Jean-Bouin, devant les caméras de Canal +, en prime-time de surcroît (21 heures), on ne trouve pas vraiment de déclarations tapageuses. Olivier Echouafni, l’entraîneur du PSG, se montre d’ailleurs assez prudent et laudateur envers les Lyonnaises dans ses déclarations d’avant-match.

« Ça reste un match de niveau Ligue des champions parce qu’on est deux équipes en Ligue des champions mais bon, on s’attaque quand même à l’Everest. Il faut être clair. »

Lyon : une victoire et le titre ?

Pas d’escalade non plus côté lyonnais, malgré la tournure prise par la dernière rencontre entre les deux équipes.

Si Wendie Renard assure avoir coché la date au moment de l’annonce du calendrier, elle n’en fait pas une « fixation », et explique que si la coupe de France est restée dans les têtes lyonnaises, c’est simplement parce qu’elles ont « perdu un titre« . « Le contexte du championnat est différent. Cela ne sert à rien de ressasser le passé, même s’il ne faut pas oublier, et la plus belle des réponses, ce sera dimanche sur le terrain, estime-t-elle. Il n’y a pas de rancœur. Mais, on doit montrer un autre visage, ne serait-ce que par rapport à nous-mêmes ».

Il faut dire qu’en cas de succès, Lyon ferait un grand pas vers un treizième titre consécutif, après tout juste dix journées de championnat (sur 22). Les filles de Reynald Pedros ont remporté leur neuf premiers matches en marquant 37 buts (presque quatre par match) et ont n’ont concédé qu’un seul.

Derrière, le PSG a moint maîtrisé son sujet (les victoires sont moins larges), et il a surtout déjà laissé échapper deux points contre Lille (0-0). Dans ce championnat où les points comptent encore plus qu’ailleurs, cela risque de peser lourd dès ce dimanche soir. En cas de victoire, les Lyonnaises compteraient alors cinq points d’avance sur leurs adversaires du soir. Ça pourrait sembler peu, mais c’est le total de points qu’elles ont laissé filer au cours des deux dernières saisons.