LES CHOIX DE LA MATINALE

Cette semaine, Les Engagés reviennent, moins intimistes mais plus politiques, qui explorent la question de la transidentité, l’adaptation américaine du best-seller de Joël Dicker La Vérité sur l’affaire Harry Quebert débarque sur TF1 et Hippocrate, la série déclinée du film du même nom de Thomas Lilti, nous fait plonger de manière hyperréaliste dans le quotidien hospitalier.

« Les Engagés » : une saison plus politique

[BANDE ANNONCE] Les Engagés - Saison 2
Durée : 01:37

On avait beaucoup aimé l’énergie, la tendresse et la pudeur dont avait fait preuve Sullivan Le Postec en mettant en scène le ­milieu des militants LGBT+ (lesbienne, gay, bi, trans…) dans la série numérique Les Engagés. Cette première saison avait d’ailleurs été ­multiprimée, en France comme à l’étranger.

On y suivait les premiers pas d’Hicham (Mehdi Meskar) vers la reconnaissance de son identité sexuelle. Issu d’une famille musulmane croyante, Hicham (22 ans) allait délicatement s’acheminer vers son coming out au sein du Point G, une association de défense des droits des LGBT+. A cette première saison tout en questionnements intimes succède une saison 2 qui, au-delà de l’homosexualité masculine, explore la transidentité.

Après avoir appris à s’accepter en tant qu’homosexuel, le jeune Hicham va tomber amoureux d’Elijah, sans savoir ni comprendre, dans un premier temps, que le jeune homme est transgenre. Elijah est interprété par Adrián ­De La Vega, qui documente sa propre transition et évoque sa vie d’homme transgenre sur les réseaux sociaux, notamment sur sa chaîne YouTube. Moins intimiste et plus didactico-politique que la précédente, cette deuxième saison des Engagés reste une des belles créations produites par le service public. Martine Delahaye

Les Engagés, saison 2, série numérique créée par Sullivan Le Postec. Avec Mehdi Meskar, Eric Pucheu, Denis D’Arcangelo, Adrián De La Vega (Fr., 2018, 10 × 10 min). Sur Studio 4, la plate-forme des webfictions de France Télévisions.

A la suite de la diffusion sur Studio 4, sont prévues une sortie en streaming sur la plate-forme www.queerscreen.fr et une en DVD chez Optimale à partir du 6 décembre.

« La Vérité sur l’affaire Harry Quebert » : adaptation américaine du Goncourt des Lycéens 2012

Bande annonce : La vérité sur l'affaire Harry Quebert
Durée : 00:43

La Vérité sur l’affaire Harry Quebert, best-seller de l’auteur suisse Joël Dicker (primé en 2012 par le Goncourt des Lycéens et l’Académie française), a donné lieu, pour la chaîne américaine Epix, à une adaptation réalisée par Jean-Jacques Annaud (La Guerre du feu, L’Ours, Le Nom de la rose). Développée sur dix épisodes, cette série suit Marcus Goldman (Ben Schnetzer), un jeune écrivain en panne d’inspiration dont la vie bascule lorsqu’il découvre que son vieux professeur et mentor, l’immense romancier Harry Quebert, plus de trente ans auparavant, a vécu une histoire d’amour interdite avec Nola, une jeune fille de 15 ans.

Pour incarner Harry Quebert, Jean-Jacques Annaud a fait appel à Patrick Dempsey, lequel, onze saisons durant, jusqu’en 2015, fut l’un des personnages-clés de la série Grey’s Anatomy (le « Docteur Mamour », pour les fans de cette série hospitalière). Au prix de six heures de maquillage chaque fois, l’acteur y interprète ici tour à tour l’amoureux de Nola qu’il fut en 1975 et le romancier que l’on accuse de meurtre en 2008.

De cette série tournée en anglais et diffusée sur TF1 à partir de demain, mercredi 21 novembre, nous n’avons pu voir que le premier épisode. Difficile, dans ses conditions, de juger de la condensation des presque 700 pages du roman de Joël Dicker. Mais la réalisation et le montage, pour leur part, privent le récit de fluidité et de finesse, laissant de ce premier épisode un goût de feuilleton à l’ancienne. M. De.

La Vérité sur l’affaire Harry Quebert, série créée par Lynnie Greene et Richard Levine. Avec Patrick Dempsey, Ben Schnetzer, Kristine Frøseth, Wayne Knight (EU, 2018, 10 x 52 minutes). Sur TF1 à 21 h 00, deux épisodes chaque mercredi à partir du 21 novembre.

« Hippocrate » : le quotidien hospitalier en forme de coup de poing

Hippocrate - Bande annonce (90secondes)
Durée : 01:37

Les séries hospitalières sont légion et, si l’on ne savait pas que Thomas Lilti a adapté Hippocrate de son formidable film du même nom, sorti en 2014, on pourrait la prendre à priori pour une énième déclinaison du genre. Le cinéaste (né en 1976) a souhaité retraiter son sujet en huit épisodes de près d’une heure, qui ne délitent pas mais, au contraire, enrichissent le propos. Un propos en forme de coup de poing : le quotidien hospitalier est filmé par le médecin de formation qu’est Lilti de manière hyperréaliste, et pas une seconde l’on croit se trouver face à des comédiens, tant le ton est juste et vrai.

A vrai dire, cette série fait un constat sans pitié et vaguement inquiétant de l’état fragile dans lequel se trouvent les personnels hospitaliers, et périlleux dès lors que, ainsi qu’il en va dans Hippocrate, de jeunes internes sont livrés à eux-mêmes alors que leurs médecins chefs sont mis en quarantaine en raison d’une possible contagion. Ces jeunes praticiens inexpérimentés suivent les hospitalisations ordinaires – qui donnent lieu à une attachante et piquante galerie de portraits, comme ceux des patients d’un autre long métrage de Thomas Lilti, Médecin de campagne (2016) – mais aussi, car c’est l’une des spécialités de l’hôpital, des réassignations de genre sur des « F to M » (« Female to Male »), c’est-à-dire des personnes transgenres, femmes devenant hommes. Beaucoup de scènes sont difficilement soutenables alors que rien ne semble artificiellement grossi. Mais la force et la profonde humanité du propos, du jeu et de la réalisation le justifient pleinement. Renaud Machart

Hippocrate, série créée et réalisée par Thomas Lilti. Avec Louise Bourgoin, Géraldine Nakache, Alice Balaïdi, Anne Consigny, Karim Leklou, Eric Caravaca et Jackie Berroyer (Fr., 2018, 8 x 52 min.) Canal+, lundi 26 novembre à 21 h 09, et Cana + à la demande.