Adopté en France par arrêté ministériel, le 31 octobre 2017, le Nutri-Score est un étiquetage facultatif qui permet d’évaluer, à l’aide d’une échelle de couleurs et de lettres allant de A à E, les qualités nutritionnelles des produits industriels. / NUTRI-SCORE

Le concurrent du Nutri-Score a du plomb dans l’aile. Nestlé a annoncé, mardi 20 novembre, l’abandon du système d’étiquetage nutritionnel baptisé Evolved Nutrition Label (ENL) qu’il prônait et qui était également soutenu par quatre autres géants de l’agroalimentaire, Coca-Cola, PepsiCo, Mondelez et Unilever.

Dans un communiqué commun, les cinq entreprises constatent le manque de soutien à leur proposition et en prennent acte. Elles soulignent toutefois que les expérimentations pourraient se poursuivre sur le seul segment des boissons si Coca-Cola souhaite persévérer dans cette voie. Nestlé avait, pour sa part, prévu de tester l’ENL en Espagne, au Portugal, en Pologne, en Grèce, en Belgique et à Chypre.

En fait, l’ENL a été lancé, en mars 2017, par six groupes : Nestlé, Coca-Cola, PepsiCo, Mondelez, Unilever et Mars. Les « Big 6 », comme ils ont vite été nommés, souhaitaient contrecarrer le Nutri-Score. Adopté en France par arrêté ministériel, le 31 octobre 2017, cet étiquetage facultatif permet d’évaluer à l’aide d’une échelle de couleurs et de lettres allant de A à E, les qualités nutritionnelles des produits industriels (biscuits, confiserie, plats préparés…). Le consommateur peut ainsi les comparer et les choisir en fonction de leur teneur en gras, en sucre et en sel.

L’ENL, lui, voulait imposer un code basé sur les teneurs en gras, en sucre et en sel non par 100 g, règle établie par le Nutri-Score, mais par « portion ». Sachant que chaque industriel définissait lui-même ce qu’il considérait comme la bonne portion à consommer. Les associations de consommateurs, comme les autorités de santé, ont dénoncé ce logo alternatif.

« Poursuivre les discussions à l’échelle européenne »

Dans une étude publiée en septembre, des chercheurs de l’Inserm, de l’INRA, du CNAM et de l’université Paris-XIII démontraient qu’une même pâte à tartiner pouvait avoir un logo Nutri-Score rouge avec la lettre E et trois feux jaunes et un vert avec l’ENL. Ils en concluaient que l’ENL « n’a qu’un effet très limité, voire défavorable, chez les consommateurs sur les tailles des portions sélectionnées pour des aliments considérés comme moins favorables à la santé ».

En mars 2018, les « Big 6 » perdaient un appui avec le départ de l’américain Mars. En parallèle, le nombre d’entreprises prêtes à adopter le Nutri-Score montait à 70, certaines emboîtant le pas aux pionnières comme Danone, Bonduelle, Fleury-Michon. Des enseignes de distribution se sont aussi engagées pour les produits sous leur marque. En outre, après la France, la Belgique et l’Espagne ont choisi d’adopter le Nutri-Score.

Tel n’est pas le cas de Nestlé, qui se prépare pour la prochaine bataille. « Nous appelons la Commission européenne à poursuivre les discussions à l’échelle européenne pour élaborer un système d’étiquetage nutritionnel sur la face avant de l’emballage qui conduise à une solution harmonisée », souligne Bart Vandewaetere, responsable de la communication et des relations avec les gouvernements pour Nestlé Europe.

« Nous devons être clairs sur la liste des ingrédients contenus dans nos produits », affirme pour sa part Mark Ulf Mark Schneider, patron de Nestlé. Le groupe suisse rappelle le travail de reformulation entrepris pour réduire les taux de sucre, de gras ou de sel dans ses produits. Il s’est ainsi engagé à éliminer 5 % de sucre dans ses gammes vendues en Europe d’ici à 2020, soit un total de 18 000 tonnes. Parmi ses martingales, Nestlé met en avant le fruit de ses recherches : un « sucre cristallisé poreux » qui permet de réduire de 30 % le sucre dans la recette sans en changer le goût, selon ses dires. Première application : une nouvelle barre chocolatée lancée en Grande-Bretagne sous la marque Milkybar Wowsomes.