Des incidents violents ont opposé quelque quatre cents personnes à la police, dans la soirée et la nuit de mercredi à jeudi, en Wallonie, à l’occasion de manifestations liées à l’action des « gilets jaunes ». Ils se sont à nouveau déroulés dans la province du Hainaut, près du centre pétrochimique de Feluy. Un plan d’urgence a été déclenché.

Comme la veille, ce sont des groupes de casseurs encagoulés qui ont pris le pas sur les protestataires, bloquant notamment l’autoroute toute proche, qui n’a été rouverte que vers 8 heures. Des arbres ont été déracinés, des feux allumés, des pierres et des cocktails Molotov lancés sur les forces de l’ordre, déployées en nombre cette fois.

On a également assisté à des scènes de pillages et des journalistes ont été insultés et agressés. Un cameraman de la RTBF a été blessé et les vitres de sa voiture brisées. La veille, des équipes de télévision avaient été visées par des jets de bouteilles et de fumigènes. Mercredi soir, la police, appuyée par un hélicoptère, a procédé à une trentaine d’arrestations, saisi des portables et des voitures.

Visiblement dépassés, les « gilets jaunes » limitent désormais leurs actions à quelques blocages routiers à la frontière franco-belge, près de Maubeuge (Nord), ou au niveau de sites pétroliers près de Namur et de Liège.

Violences relayées sur les réseaux sociaux

Les actions menées depuis plusieurs jours près des dépôts de carburants entraînent une pénurie dans quelque quatre cents stations-service en Wallonie. La fédération des détaillants réclame une protection policière pour les livreurs, après l’incendie, déclenché par des manifestants, d’un camion-citerne à Feluy.

Le gouverneur de la province du Hainaut dit redouter que de nouveaux incidents éclatent jeudi soir et prévoit une présence policière massive. « On ne peut plus tolérer l’intolérable », déclare Tommy Leclercq, en appelant la justice à sanctionner les personnes appréhendées. Deux d’entre elles ont jusqu’ici été mises en examen, pour dégradations et rébellion armée.

La mobilisation est fortement relayée sur les réseaux sociaux, où une série d’acteurs des violences diffusent des vidéos et appellent des jeunes à les rejoindre. Ils critiquent aussi les médias classiques « corrompus par les gouvernements », comme le dit l’un d’eux, tandis qu’un autre appelle à « l’insurrection ».

Le premier ministre, Charles Michel, a indiqué, mercredi, qu’il suivait les événements de « très près ». Tous les services de sécurité, dont la sûreté de l’Etat (renseignement intérieur), se sont réunis mercredi pour examiner cette situation aussi inédite que celle à laquelle est confrontée la France. Une réunion était également en cours jeudi matin au centre de crise du ministère de l’intérieur. On a enregistré, selon une source policière, la présence sur certains barrages de militants d’extrême droite, qui pactisent avec des membres de la gauche radicale.