Le meurtre de Jamal Khashoggi, critique du royaume, a provoqué une onde de choc mondiale et terni l’image de l’Arabie saoudite, notamment celle du prince héritier Mohammed Ben Salmane. / MOHAMMED AL-SHAIKH / AFP

La France a adopté, jeudi 22 novembre, des sanctions contre 18 ressortissants saoudiens suspectés d’implication dans le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans son consulat, le 2 octobre à Istanbul. Dans un communiqué, le ministère des affaires étrangères écrit :

« Ces mesures (…) visent à interdire l’accès de ces individus au territoire national ainsi qu’à l’ensemble de l’espace Schengen. Il s’agit de mesures conservatoires, susceptibles d’être revues ou étendues en fonction de l’avancée des investigations en cours. (…) La France demande que toute la lumière soit faite sur la manière dont un tel acte a pu être commis. Elle attend de la part des autorités saoudiennes une réponse transparente, circonstanciée et exhaustive. Elle se réserve de former, le moment venu, sa propre conviction. Elle rappelle son opposition, en tous lieux et en toutes circonstances, à la peine de mort. »

La décision française est similaire à celle prise par l’Allemagne lundi, qui a interdit de territoire dix-huit Saoudiens. Berlin avait, auparavant, imposé un embargo sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite en attendant que soient éclaircies les circonstances du meurtre. La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a estimé jeudi à Ankara que ceux qui sont « vraiment responsables » du meurtre du journaliste doivent « rendre des comptes ».

Donald Trump soutient l’Arabie saoudite

Le meurtre de Jamal Khashoggi, critique du royaume, a provoqué une onde de choc mondiale et terni l’image de l’Arabie saoudite, notamment celle du prince héritier Mohammed Ben Salmane (« MBS »), accusé d’avoir donné l’ordre de tuer Khashoggi.

Donald Trump a assuré mardi que la CIA n’avait « rien trouvé d’absolument certain », et réaffirmé son soutien aux dirigeants du royaume. « Il se pourrait très bien que le prince héritier ait eu connaissance de cet événement tragique peut-être, peut-être pas ! », a-t-il dit. Ce qui compte, a souligné le président américain, c’est avant tout les liens profonds avec le royaume saoudien. Les Etats-Unis ont aussi annoncé des sanctions financières ciblées – incluant un gel de leurs avoirs sur le sol américain – contre 17 responsables saoudiens.

Le procureur général saoudien a, pour l’heure, inculpé 11 personnes – sur un total de 21 suspects – et requis la peine de mort contre cinq d’entre elles, mais a totalement dédouané le prince héritier. La question de l’implication de « MBS » constitue une « ligne rouge », a averti, de son côté, le ministre des affaires étrangères saoudien, Adel Al-Jubeir, dans une interview à la BBC. Le prince héritier d’Arabie saoudite a quitté Riyad jeudi pour entamer une tournée dans plusieurs pays arabes, a annoncé l’agence de presse officielle SPA.

Affaire Jamal Khashoggi : comment l'Arabie saoudite a fini par reconnaître sa responsabilité
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