Un salarié d’Amazon en grève devant le centre de San Fernando de Henares, près de Madrid, le 23 novembre. / SUSANA VERA / REUTERS

Alors que le « Black Friday » s’annonce comme l’une des journées les plus lucratives pour les sites de vente en ligne, les salariés d’Amazon ont lancé vendredi 23 novembre un mouvement de grève dans plusieurs pays européens.

Les employés, dont beaucoup suivent le hashtag #AmazonWeAreNotRobots (« Amazon, nous ne sommes pas des robots »), avaient déjà mené une action d’envergure en juillet pendant une opération promotionnelle d’Amazon, baptisée « Prime day ». Amazon, qui minimise l’ampleur du mouvement, a défendu tous azimuts sa politique sociale, affirmant avoir créé au Royaume-Uni plus de 25 000 emplois bien payés et se présentant en Allemagne comme « un employeur aussi fiable que bon ».

  • Grève dans son plus grand centre d’Espagne

Des salariés du plus grand centre logistique d’Amazon en Espagne se sont mis en grève vendredi, jour des super soldes sur la plate-forme de vente en ligne. L’ampleur de la mobilisation dans ce centre situé à San Fernando de Henares, près de Madrid, était cependant difficile à évaluer. Des sources syndicales affirmaient dans la matinée que le centre était « à l’arrêt » tandis que la multinationale assurait dans un communiqué que « la majorité des employés de la vacation du matin travaillaient et traitaient les commandes ».

Selon Douglas Harper, membre de la confédération syndicale Comisiones obreras (CCOO), près de 90 % des salariés étaient en grève dans ce centre où sont préparés des colis adressés aux clients d’Espagne et d’Europe. Toujours selon ce représentant syndical, Amazon avait détourné les livraisons de marchandises vers ses 22 autres dépôts dans le pays. Selon la CCOO, ce centre, ouvert en 2012, emploie actuellement près 2 000 personnes, en contrat permanent ou en intérim. Les grévistes réclament de meilleurs salaires et conditions de travail et ont déjà suivi plusieurs journées de grève cette année.

« Ce conflit a débuté parce que l’entreprise a unilatéralement imposé des conditions de travail aux travailleurs » en leur retirant des droits, expose Ana Berceruelo, elle aussi membre de la CCOO. Assurant que les grévistes demandaient « des négociations », la syndicaliste a notamment évoqué un problème d’indemnités pour arrêt maladie. « Auparavant, quand un travailleur était en arrêt maladie, il touchait 100 % durant le premier arrêt, maintenant, l’entreprise ne paie pas le complément pour les trois premiers jours », a-t-elle dit. Mme Berceruelo a aussi fait valoir que la pause « casse-croûte » de trente minutes n’était plus payée qu’à moitié par l’entreprise, et qu’« au lieu de journées de huit heures, le travailleur travaille en réalité huit heures et demie pour compenser cette pause ».

De son côté, Amazon affirme miser sur « un dialogue ouvert et direct » avec ses employés et assure leur offrir « un salaire attractif, toute une série d’avantages et des programmes de formation innovants ». Des arrêts de travail étaient prévus vendredi et samedi, soit à la date et au lendemain du « Black Friday », ainsi que les 7, 9, 15 et 30 décembre et les 3 et 4 janvier 2019.

  • Manifestations dans cinq entrepôts britanniques

Au Royaume-Uni, le syndicat britannique GMB prévoit des manifestations de centaines d’employés d’Amazon dans cinq entrepôts. Le syndicat veut dénoncer les conditions de travail « inhumaines », citant des employés qui n’ont pas le temps d’aller aux toilettes ou une femme enceinte contrainte de travailler debout.

Amazon soutient au contraire que les conditions de travail sont bonnes et que ces centres enregistrent 40 % d’accidents en moins en moyenne que les autres compagnies de transport et de stockage dans le pays.

  • Deux sites touchés en Allemagne

En Allemagne, le premier syndicat des services, Verdi, a annoncé que la grève touchait en milieu de journée deux sites, Bad Hersfeld (en Hesse, dans le centre du pays) et Rheinberg (en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dans l’Ouest). Les employés réclament une convention collective. De Black Friday à Noël, « il y a beaucoup d’heures supplémentaires, qui sont moins bien rémunérées qu’au sein des entreprises bénéficiant de conventions collectives », a déclaré Silke Zimmer, responsable de Verdi pour la Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

« Comme la grande majorité des employés continuent de travailler comme prévu, les commandes des clients ne sont pas affectées par la grève, a répliqué Amazon en Allemagne. Plusieurs de nos employés sont avec nous depuis de nombreuses années, ce qui prouve que nous sommes un employeur aussi fiable que bon. »

En France, une quarantaine de personnes ont par ailleurs déversé vendredi matin des déchets électroniques devant le siège d’Amazon à Clichy à l’appel de l’association Les Amis de la Terre. Ils dénonçaient la surconsommation et les problèmes de recyclage des appareils.