Le vote au Parlement britannique sur l’accord de Brexit aura lieu le 11 décembre, a annoncé lundi 26 novembre la première ministre britannique, Theresa May. L’approbation des députés est loin d’être gagnée, en raison de l’opposition affichée de plusieurs partis, et de députés du parti de Theresa May lui-même.

Selon le calendrier prévu, exposé dans la lettre par Julian Smith, l’un des responsables du Parlement, les députés débattront pendant cinq jours de l’accord de Brexit, à compter du 4 décembre, et le vote se tiendra le 11.

La première ministre britannique a appelé lundi des députés britanniques très sceptiques à soutenir l’accord de divorce obtenu avec l’Union européenne, le « meilleur » et « le seul possible », selon elle. Un rejet serait « un retour à la case départ » qui « ouvrirait la porte à plus de divisions et d’incertitude », a-t-elle insisté, au lendemain du sommet européen qui a scellé l’accord entre le Royaume-Uni et ses vingt-sept partenaires de l’Union européenne après dix-sept mois de négociations difficiles.

Tâche difficile

Mais le chef du Parti travailliste, le principal parti d’opposition, a rétorqué avec virulence que l’accord était un « acte d’automutilation national ». « Cette assemblée n’a d’autre choix que de rejeter cet accord », a-t-il affirmé, alors que l’aval des députés est indispensable à la mise en œuvre de l’accord de retrait et de la déclaration politique sur la future relation avec l’Union européenne.

La tâche de Theresa May s’annonce plus que difficile car elle ne dispose au Parlement que d’une courte majorité absolue – d’une dizaine de voix – assurée par le soutien de son remuant petit allié nord-irlandais, le parti unioniste DUP. Or le DUP a prévenu qu’il voterait contre, furieux du statut spécial accordé à l’Irlande du Nord dans l’accord afin d’éviter le retour à une frontière physique sur l’île d’Irlande.

Sans compter les quelque 80 députés conservateurs favorables à un Brexit qui couperait nettement les ponts avec l’UE, les députés écossais du parti indépendantiste SNP et les europhiles du petit parti des Libéraux-Démocrates.

Du côté des parlementaires partisans du Brexit, l’ex-chef de la diplomatie Boris Johnson estime que l’accord est « un désastre » et une « humiliation » pour le Royaume-Uni qui demeure « un Etat satellite » de l’UE. Faire approuver l’accord par le Parlement sera un « défi », a reconnu dimanche le ministre des affaires étrangères, Jeremy Hunt, mais « beaucoup de choses peuvent changer dans les deux semaines à venir », a-t-il sagement souligné.

Le numéro deux du gouvernement, David Lidington, fait quant à lui valoir que « si l’accord échoue, la réaction des entreprises et des marchés sera négative et il n’y a pas de garantie que nous trouverons une voie stable pour sortir de cette situation », dans un entretien avec le quotidien économique allemand Handelsblatt.

« Saut dans l’abîme »

Mme May avait réuni dans la matinée son gouvernement pour resserrer les rangs, après que plusieurs ministres mécontents de l’accord ont démissionné récemment. Même si le Parlement vote en faveur de son accord, les ennuis de Theresa May ne sont pas finis. La cheffe du DUP, Arlene Foster, a en effet menacé de retirer son soutien au gouvernement s’il était entériné.

La première ministre s’est également lancée dans une opération de communication en direct avec ses concitoyens, et commence mardi une grande tournée dans le pays pour les convaincre de soutenir l’accord.

Dès dimanche, elle a écrit une « Lettre à la nation » aux accents solennels pour appeler le Royaume-Uni à l’union nationale derrière l’accord, avec la perspective d’une « réconciliation » après des années de déchirement entre europhiles et eurosceptiques, depuis le référendum de juin 2016 par lequel a été décidé le Brexit.