Des « gilets jaunes » au péage de La Gravelle, entre Rennes et Laval, le 24 novembre. / VASSILI FEODOROFF POUR LE MONDE

Les « gilets jaunes » ont désormais leurs représentants. Le mouvement a annoncé, lundi 26 novembre, la création d’une « délégation » de huit « communicants officiels ». Le but : « engager une prise de contact sérieuse et nécessaire » avec les représentants de l’Etat et porter une série de revendications communes, peut-on lire dans un communiqué publié au lendemain d’un week-end de mobilisation, et à la veille d’une intervention d’Emmanuel Macron visant à détailler un « pacte social » d’accompagnement de la transition écologique.

Ne s’appuyant sur aucune organisation politique ou syndicale, les « gilets jaunes » étaient conscients de la difficulté à faire entendre leur voix auprès des autorités. Leurs porte-parole désormais désignés, le mouvement demande « au président de la République, au premier ministre et à son gouvernement une première rencontre ». Le communiqué précise que la mission de cette délégation « ne sera jamais de donner des ordres à l’ensemble des “gilets jaunes” (…), ces personnes ne sont pas des leaders ni des décisionnaires, mais des messagers ».

Parmi cette délégation figurent Eric Drouet, le chauffeur routier à l’initiative de la mobilisation du 17 novembre, et Priscillia Ludosky, à l’origine, elle, d’une pétition contre la hausse du prix des carburants, qui a recueilli à ce jour 980 000 signatures sur le site Change.org. Tous deux sont originaires de Seine-et-Marne. Les autres représentants viennent des Côtes-d’Armor (Maxime Nicolle), des Bouches-du-Rhône (Mathieu Blavier), de Charente (Jason Herbert), des Pyrénées-Orientales (Thomas Miralles), de l’Aube (Marine Charrette-Labadie) et de Haute-Garonne (Julien Terrier).

Deux propositions principales

Après une consultation de ses sympathisants sur Facebook, cette délégation adresse « deux propositions principales » au gouvernement : « revoir à la baisse toutes les taxes » et créer « une assemblée citoyenne » pour débattre de la transition écologique, de la « prise en compte de la voix des citoyens », de l’augmentation du pouvoir d’achat ou encore de la précarité, est-il indiqué dans le communiqué.

Dans le détail, ces revendications vont de la suppression du Sénat à la baisse des charges patronales en passant par une hausse du smic et des retraites. « L’unique volonté est que l’ensemble de ces propositions soient soumises à un référendum populaire », ajoute le texte.

Interrogé sur cette initiative à l’issue du conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a assuré être « ouvert » au dialogue tout en posant des limites : « Si les propositions reviennent à demander la dissolution de l’Assemblée nationale, la démission du président de la République (…), j’ai peur que nous ne puissions y répondre favorablement. »

La délégation des « gilets jaunes » rappelle par ailleurs que « toutes formes de blocages complets et de violences ne sont pas représentatives du mouvement ». « Nous les condamnons fermement », ajoute-t-elle.