Sa campagne d’Italie attendra encore un peu. En 2019, Romain Bardet accordera une nouvelle fois sa priorité au Tour de France (6 au 28 juillet) et fera l’impasse sur le Tour d’Italie (11 mai - 2 juin), a-t-on appris mardi auprès de l’équipe AG2R La Mondiale. « C’est un choix mûrement réfléchi avec les entraîneurs et Romain lui-même », a déclaré Vincent Lavenu, directeur de l’équipe française.

La tentation transalpine était grande pourtant pour le Français, âgé de 28 ans. Baigné depuis son enfance dans l’histoire du cyclisme, Bardet a une tendresse particulière pour les courses italiennes où il brille souvent (2e des Strade bianche en 2018, 4e du Tour de Lombardie en 2016). Et s’il n’a jamais pu participer au Giro, il apprécie son romantisme, ses étapes débridées et son imprévisibilité.

Son cœur balançait encore il y a peu entre les deux principales courses par étapes du calendrier cycliste. « Il y a débat, avouait-il dans un entretien accordé à L’Equipe le 20 novembre. On pèse le pour et le contre. C’est important que chacun (manager, directeurs sportifs, entraîneur) donne son point de vue. »

Mais Bardet avait-il vraiment le choix ? Si le Giro a gagné en visibilité ces dernières années et propose un plateau qui n’a plus rien à envier à celui de son frère de juillet, pour une formation française (et son sponsor) le Tour ne souffre toujours pas la comparaison. Surtout quand elle possède un coureur auteur de deux podiums dans sa carrière comme Bardet (2e en 2016, 3e en 2017).

Un Tour taillé pour lui

Si hésitation il y avait encore, la présentation des parcours de deux courses a fini par consolider son choix. Le Giro 2019 offre ainsi 58,5 km de contre-la-montre, le Tour seulement 27 km. Un menu moins indigeste pour l’Auvergnat, peu à l’aise dans l’exercice solitaire et alléché par le programme de juillet : « C’est un très beau parcours, assez difficile sur le papier, avec très peu de temps morts et beaucoup de moyenne montagne ». Bienveillants avec lui, les organisateurs ont même glissé une arrivée d’étape à Brioude, sa ville natale, le 14 juillet.

Le Français aurait aussi pu tenter de doubler Giro et Tour. Mais il doutait de la possibilité de viser la victoire sur les routes italiennes début juin et être performant en juillet sur la Grande Boucle. « Je ne pourrais pas faire le Tour en suiveur, j’irai en acteur, en étant à 100 %, sinon, je resterai chez moi », laissait-il entendre dans L’Equipe.

L’exemple de son compatriote et rival, Thibaut Pinot, l’a peut-être dissuadé de « doubler ». En 2017, le grimpeur de Groupama-FDJ avait traversé le Tour tel un fantôme (non partant lors de la 13e étape) après un Giro réussi (4e et une victoire d’étape). Après avoir privilégié le Tour d’Italie pendant deux saisons, le Franc-comtois a lui aussi décidé - poussé en cela par son équipe - d’axer son programme 2019 sur le Tour.

Le successeur de Laurent Fignon - dernier vainqueur français du Giro en 1989 - risque de se faire encore un peu attendre. Mais Pinot a promis de revenir et Bardet jure, lui, que « le Giro fait partie de (son) plan de carrière. »