Vladimir Poutine et Angela Merkel se sont entretenus au téléphone dans la nuit de lundi à mardi, « à l’initiative allemande », pour discuter de l’« incident dangereux », qui a eu lieu dimanche en mer Noire, a annoncé, mardi 27 novembre, le Kremlin dans un communiqué. Lors de cet entretien avec la chancelière allemande, le président russe « a exprimé une sérieuse préoccupation en raison de la décision de Kiev de placer ses forces armées en état d’alerte et d’instaurer la loi martiale », précise le communiqué.

Le président russe a dénoncé des « actions de provocation de la partie ukrainienne et une violation grossière des normes du droit international par ses navires militaires », souligne-t-il. M. Poutine a également « dit espérer que Berlin pourra influencer les autorités ukrainiennes afin de les dissuader d’actes ultérieurs irréfléchis », ajoute le communiqué.

Brusque flambée de tensions

Dimanche, les gardes-côtes russes, qui dépendent des services de sécurité (FSB), ont capturé deux vedettes et un remorqueur de la marine ukrainienne que Moscou accuse d’être entrés illégalement dans les eaux territoriales russes au large de la péninsule de Crimée annexée. Cet incident est survenu en mer Noire lorsque ces navires tentaient de pénétrer dans le détroit de Kertch pour entrer dans la mer d’Azov.

Il s’agit de la première confrontation ouverte entre Moscou et Kiev depuis l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en 2014 et l’éclatement d’un conflit armé dans l’est de l’Ukraine entre forces ukrainiennes et séparatistes prorusses qui a fait depuis plus de 10 000 morts.

Après cette brusque flambée de tensions, l’Ukraine a annoncé, lundi soir, l’introduction de la loi martiale dans ses régions frontalières qui entrera en vigueur, mercredi, pour trente jours. Une mesure d’exception, envisagée à plusieurs reprises depuis 2014, mais jamais adoptée encore. « La loi martiale ne signifie pas une déclaration de guerre (…) ni un retrait du processus diplomatique » des accords de paix de Minsk, a précisé président ukrainien Petro Porochenko.

Le champ d’action de la mesure est limité géographiquement : sont concernées, seulement, les régions frontalières de la Russie (Nord-Est et Est) et de la Transnistrie (Sud-Ouest), ainsi que les régions côtières du sud du pays. La loi martiale va permettre pendant un mois aux autorités ukrainiennes de mobiliser ses citoyens, de réguler les médias et de limiter des rassemblements publics.

Ces incidents russo-ukrainiens ne sont que la dernière étape d’une lente montée des tensions autour du détroit de Kertch qui sépare la péninsule de Crimée, annexée en 2014 par Moscou, de la Russie. La Russie revendique le contrôle de ce détroit, unique passage maritime reliant la mer Noire à celle d’Azov.

Violents affrontements en mer entre la Russie et l’Ukraine
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