La capitaine des Bleues, Siraba Dembélé, lors des Jeux olympiques de Rio, en août 2016. / ROBERTO SCHMIDT / AFP

Les championnes du monde sont de retour. Après s’être hissée sur le toit du monde en Allemagne fin 2017, l’équipe de France féminine de handball entame, jeudi 29 novembre, son premier championnat d’Europe à domicile. Opposées à la Russie à Nancy (21 heures) en match d’ouverture, la capitaine Siraba Dembélé et ses coéquipières aspirent à valider, devant leur public, leurs excellentes performances des trois années passées. Et imiter leurs homologues masculins, qui, à domicile début 2017, avaient remporté leur sixième titre mondial.

Ici, c’est un Euro, un titre « continental », qui est en jeu. Mais « c’est clair et net, on a envie de réitérer la même chose. On veut vivre ces émotions et cette communion qu’ils ont eue avec le public, c’était super beau à voir, assure la pièce maîtresse des Bleues, Allison Pineau, assumant le statut de favorite de son équipe. Championnes du monde et pays organisateur, on aurait du mal à échapper à cette étiquette. »

« On sait que les salles seront pleines. On aura le soutien du public et on va s’appuyer dessus », souligne le sélectionneur français, Olivier Krumbholz. Qui espère que la compétition fera salle comble même lorsque la France ne jouera pas.

Le handball, bon élève en matière d’égalité

Au coup d’envoi de la première rencontre, environ 120 000 des 165 000 billets disponibles dans les cinq villes accueillant la compétition – Brest, Nantes, Paris, Nancy et Montbéliard, toutes dans la moitié nord du pays – ont été écoulés.

De quoi faire espérer à ses organisateurs la réussite de cet événement de sport féminin, à quelques mois du Mondial féminin de football, également en France. « L’organisation de cet Euro s’inscrit dans la politique fédérale d’égalité entre les garçons et les filles, et dans le plan de féminisation mis en place voici plusieurs années par la Fédération [française de handball], développe Sylvie Pascal Lagarrigue, qui préside le comité d’organisation de la compétition. Cet événement doit contribuer à asseoir la place des femmes dans notre sport. »

En matière d’égalité, le handball est le bon élève du sport français. « Pour avancer, on tient à s’appuyer sur nos deux pieds, les femmes et les hommes », insiste le directeur technique national, Philippe Bana. D’où l’alternance, moins de deux ans après avoir organisé le Mondial masculin. « Et les standards sont identiques à tous les niveaux pour conserver cette performance durable. »

« Chaque match va se jouer à un ou deux buts d’écart »

Des primes à l’encadrement en passant par les centres de formation, le modèle du handball masculin a été cloné chez les femmes, et les résultats suivent. Depuis le retour aux affaires d’Olivier Krumbholz au poste d’entraîneur, fin 2015, les Françaises ont enchaîné une seconde place olympique, un bronze européen et le sacre mondial.

« Je ne vois pas ce qui pourrait nous empêcher de rentrer dans cette compétition avec un punch terrible. On est une équipe très physique et on va se transcender dans ces conditions », assure l’entraîneur français, forcé de composer avec les absences de sa gardienne, Cléopatre Darleux, et de l’arrière Laurisa Landre. Démentant toute pression sur les épaules de ses ouailles, il se dit persuadé que « les autres équipes sont loin d’être ravies de nous affronter à la maison ».

Le handball étant un sport essentiellement européen – ce qui lui vaut d’être mis sur la sellette par le Comité international olympique (CIO), adepte de disciplines planétaires –, le niveau continental est nettement supérieur aux joutes mondiales ou olympiques.

Chaque équipe alignée peut tirer son épingle du jeu. « Dans cet Euro, chaque match va se jouer à un ou deux buts d’écart, avertit Olivier Krumbholz. Et en deuxième semaine, le chasseur peut très vite devenir le chassé. »

Ne pas avoir de retard à l’allumage

L’aéronef bleu des Françaises ne devra pas avoir de retard à l’allumage. Dès la rencontre inaugurale, les coéquipières de Camille Ayglon affrontent une Russie qui les avait privées de titre olympique à Rio (2016). Les Bleues, qui avaient perdu leur premier match au Mondial (face à la Slovénie, qu’elles retrouvent au tour préliminaire) n’auraient rien contre rendre la monnaie de leur pièce aux championnes olympiques. Tout en restant vigilantes. « Souvent, on démarre les compétitions au diesel, prévient Allison Pineau. Et à l’Euro, on n’a pas cette option. Il faut commencer fort et éviter d’utiliser des jokers, pour ne pas courir après. »

Car la formule de l’Euro de handball est pour le moins alambiquée. « C’est une compétition très sélective permettant une phase de brassage assez longue, avant de s’écrêter en demi-finales, démêle Philippe Bana. Deux poules s’affrontent entre elles pendant deux tours, et après il y a des demi-finales pour ceux qui sont vivants. »

La formule de l’Euro 2018

Quatre poules (A, B, celle de l’équipe de France, C et D) de quatre équipes disputent un tour préliminaire. Une victoire vaut deux points ; un nul, un point ; une défaite, zéro. Les trois meilleures équipes de chacun des groupes A, B, C et D s’affrontent ensuite lors du « tour principal », en conservant les points acquis face aux équipes de leur poule de départ. De ce « tour principal » sortiront quatre équipes (deux par groupes), qui disputeront les demi-finales.

Offrir une tribune et susciter des vocations

Le principal intérêt d’une formule aussi complexe est économique. Elle assure un nombre important de rencontres, là où une formule à huitièmes ou quarts de finale dépend du résultat sportif. Ce qui offre aux diffuseurs – notamment scandinaves, qui ont mis une somme rondelette sur la table pour s’offrir les droits de la compétition – la certitude de diffuser au moins six rencontres de leur équipe nationale.

Sauf immense faillite collective, les grands noms du handball mondial que sont la Norvège, la Russie, les Pays-Bas ou la France devraient se qualifier sans coup férir pour le tour principal. Pour leur dixième participation d’affilée à l’Euro, les joueuses de l’équipe de France aspirent à remporter ce titre européen après lequel elles courent. Et rejoindre la Norvège, seule équipe à avoir enchaîné les titres mondiaux et européens.

Au passage, les coéquipières de Siraba Dembélé aimeraient offrir au handball au féminin une tribune à même de convertir de nouvelles adeptes. « Ça va être un coup de projecteur, on espère que ça va donner des vocations. »

Jeudi 29 novembre : France-Russie à 21 heures (BeIN Sports 1)
Dimanche 2 décembre : France-Slovénie à 15 heures (BeIN Sports 2)
Mardi 4 décembre : France-Monténégro à 21 heures (BeIN Sports 3)