Une partie de la nationale 1031 bloquée dans les deux sens par des « gilets jaunes » le 17 novembre. / JULIEN MUGUET pour « LE MONDE »

Alors qu’un « acte III » du mouvement des « gilets jaunes » se prépare pour le week-end des 1er et 2 décembre, certaines inquiétudes se font entendre quant aux conséquences des futurs blocages.

Ainsi, les banques alimentaires, qui organisent vendredi, samedi et dimanche, leur collecte d’hiver dans les supermarchés, craignent une baisse des quantités récoltées en cas de blocages des « gilets jaunes » sur les routes ou autour des supermarchés.

Ce week-end est « essentiel » , a rappelé Jacques Bailet, président du réseau national des banques alimentaires, lors du prélancement de la collecte dans un supermarché parisien, jeudi 29 novembre. En 2017, ces trois jours de collecte avaient permis de recueillir 11 500 tonnes de denrées alimentaires, soit 23 millions de repas (10 % des volumes distribués sur l’année) destinés aux plus démunis.

« L’opération ne peut fonctionner que si les magasins sont correctement approvisionnés et si les gens peuvent passer pour faire leurs courses », a plaidé M. Bailet. « Globalement, personne n’est insensible aux gens en difficulté, il y a sûrement même des “gilets jaunes” parmi nos bénéficiaires, a-t-il souligné. La cause que l’on défend doit être comprise par le plus grand nombre. »

« Cataclysme économique »

De son côté, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) a alerté, jeudi, sur les conséquences « catastrophiques » qu’aurait un troisième week-end de blocage pour le commerce.

« Les blocages que notre pays connaît depuis désormais douze jours ont eu des conséquences extrêmement négatives pour le commerce : magasins bloqués ou fermés, baisse de la fréquentation par les clients qui ne peuvent plus circuler, livraisons impossibles du fait du blocage des entrepôts, rupture sur de nombreux produits, sabotage des pompes à essence… », déplore la fédération dans un communiqué.

Selon la FCD, les ventes dans le secteur ont enregistré un « recul massif de 35 % » le premier samedi de mobilisation, et de 20 % au cours du week-end dernier, « sans espoir de report, notamment pour les produits frais ».

A l’approche des fêtes de Noël – période « cruciale » pour l’activité économique –, « il serait suicidaire pour nos entreprises que le week-end prochain perpétue incivilités et entraves », a déclaré François Pélissier, le président de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Meurthe-et-Moselle, qui craint un « cataclysme économique » si les opérations de blocage des approvisionnements et des accès aux zones d’activités se poursuivaient en décembre. Le président de la CCI a appelé, jeudi, les entreprises touchées à « déposer toute plainte légitime préalable en dommages et intérêts » envers les bloqueurs.

Des réservations annulées

Côté hôtellerie, les images montrant des scènes d’émeutes sur les Champs-Elysées samedi 24 novembre lors de la manifestation des « gilets jaunes » ont entraîné des annulations de réservations qui ont coûté environ 10 millions d’euros aux hôtels parisiens, selon une estimation du cabinet MKG publiée jeudi. Ce cabinet spécialisé estime entre 20 000 et 25 000 le nombre de nuitées annulées pour le mois de décembre, avec des pics durant les week-ends, notamment celui de la Saint-Sylvestre.

Lundi 26 novembre, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, évoquait un « impact sévère » des manifestations sur l’économie, à l’issue d’une rencontre avec les représentants des organisations professionnelles. Dans la grande distribution, « la perte de chiffre d’affaires a été de 35 % le samedi 17 novembre et de 18 % le samedi 24 novembre, a rapporté le ministre. Dans la semaine, elle s’est échelonnée entre 8 % et 15 % ».