Le président élu brésilien, Jair Bolsonaro, et le conseiller américain à la sécurité nationale, John Bolton, lors d’un petit déjeuner de travail, le 29 novembre à Rio. / HO / AFP

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton, s’est entretenu, jeudi 29 novembre, à Rio avec Jair Bolsonaro, première rencontre de haut niveau et « très productive », selon eux, entre les Etats-Unis et le président élu d’extrême droite du Brésil.

M. Bolton a eu un entretien d’une heure avec le président brésilien, élu le 28 octobre, qui prendra ses fonctions en janvier et devrait être un partenaire de poids des Etats-Unis en Amérique latine. Il est reparti de la résidence de Jair Bolsonaro sans faire aucune déclaration devant les journalistes.

Mais dans un Tweet après son départ, il a déclaré avoir eu une « discussion sur de nombreux sujets, très productive », avec Jair Bolsonaro et son équipe, dont l’orientation est très pro-américaine. « Je lui ai transmis une invitation du président [Donald] Trump à se rendre aux Etats-Unis, a ajouté M. Bolton. Nous sommes impatients d’avoir un partenariat dynamique avec le Brésil. »

Jair Bolsonaro a lui aussi qualifié dans un Tweet la rencontre de « très productive et agréable ». Son équipe a publié des photos de l’entretien auquel assistaient le général Augusto Eleno, chef du renseignement, le prochain ministre de la défense, le général Fernando Azevedo e Silva, ainsi que le futur ministre des affaires étrangères, Ernesto Araujo. Ce dernier, farouche opposant du multilatéralisme et climato-sceptique, a écrit récemment que « Trump peut sauver l’Occident ».

Proximité idéologique

Cet entretien a eu lieu alors que les deux parties ont souhaité un rapprochement entre les Etats-Unis et le Brésil sur la base de leur proximité idéologique. Mardi, John Bolton avait évoqué l’« opportunité historique pour le Brésil et les Etats-Unis de travailler ensemble dans de nombreux domaines, économie ou sécurité » notamment.

« Je vais vraiment [à Rio] pour préparer le terrain, avait-t-il déclaré. Je suis impatient d’entendre quelles sont les priorités du président élu, d’essayer de lui parler des visions du président Trump pour que les deux dirigeants puissent prendre un bon départ. » Jair Bolsonaro, fervent admirateur de Donald Trump, n’a pas fait mystère de son intention de faire prendre un virage à 180 degrés à la diplomatie brésilienne pour la réorienter vers Washington.

Allié régional de poids

Celui qui est parfois décrit comme le « Trump tropical » a déjà emboîté le pas de Donald Trump, annonçant par exemple le transfert hautement polémique de l’ambassade du Brésil en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem, avant de sembler hésiter. Il a aussi exprimé de forts doutes sur le réchauffement climatique, menacé de quitter l’accord de Paris sur le climat, et accusé la Chine d’« être en train d’acheter le Brésil », dont elle est le premier partenaire commercial.

La première puissance d’Amérique latine, qui sera farouchement anticommuniste, semble aussi devoir être un allié régional de poids pour Washington dans sa volonté d’isoler davantage des pays comme Cuba, le Venezuela ou le Nicaragua, dont M. Bolton n’a pas caché que les Etats-Unis souhaitaient la chute de leur gouvernement.

Eduardo Bolsonaro, fils du futur président et député, est actuellement en tournée aux Etats-Unis, où il multiplie les contacts, bien qu’il n’ait aucune fonction officielle au sein du futur gouvernement. Il y a rencontré mardi notamment Jared Kushner, conseiller et gendre du président Donald Trump, et des membres influents du Congrès. Il a aussi vu une nouvelle fois Steve Bannon, ancienne éminence grise de Donald Trump et tenant sulfureux de la droite ultra-conservatrice, dont les Bolsonaro sont proches idéologiquement. « Une icône du combat contre le marxisme culturel », a assuré sur les réseaux sociaux Eduardo Bolsonaro.