Jeudi 29 novembre, 170 magistrats, policiers et fonctionnaires allemands ont perquisitionné le siège de la première banque privée d’Allemagne à Francfort. / BORIS ROESSLER / AFP

Dans la tourmente depuis plusieurs années, pour une succession d’erreurs stratégiques et de manquements aux règles pendant la crise financière de 2008, voilà la Deutsche Bank rattrapée par l’affaire des « Panama Papers » – du nom de l’enquête publiée en avril 2016 par 108 médias, dont Le Monde, avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), sur la dissimulation d’avoirs offshore dans des sociétés écrans au Panama.

Jeudi 29 novembre aux aurores, 170 magistrats, policiers et fonctionnaires allemands ont perquisitionné le siège de la première banque privée d’Allemagne à Francfort, ainsi que quatre autres sites du groupe et un domicile privé, dans le cadre d’une enquête ouverte pour des faits de blanchiment d’argent dans la foulée des « Panama Papers ».

La justice allemande soupçonne la Deutsche Bank d’avoir aidé ses clients à ouvrir des sociétés et des comptes dans des paradis fiscaux, pour transférer des fonds issus d’activités criminelles, ainsi que l’ont révélé les « Panama Papers ». Selon le bureau du procureur, des documents écrits et électroniques ont été saisis.

Installée aux îles Vierges britanniques

Le droit allemand n’autorisant pas à poursuivre une entreprise pour blanchiment, les investigations visent précisément « deux salariés de Deutsche Bank (…) et un certain nombre de responsables non identifiés de l’entreprise », précise le parquet de Francfort. Ces salariés auraient manqué à leurs obligations légales en matière de déclaration de soupçons aux autorités antiblanchiment, face à des opérations qu’ils savaient pourtant douteuses.

De fait, si les sociétés offshore ne sont pas illégales, explique le parquet, elles permettent « de blanchir de l’argent issu d’infractions pénales ». Les banques doivent dès lors « signaler » aux autorités tout soupçon à leur sujet. Une succursale de la Deutsche Bank se trouve en particulier dans le viseur de la justice. Installée aux îles Vierges britanniques, elle aurait fait affaire avec « plus de 900 clients, représentant un volume d’affaires de 311 millions d’euros », sur la seule année 2016.

Après la Société générale, perquisitionnée dès avril 2016 par la justice française, Deutsche Bank est la deuxième grande banque européenne rattrapée par les 11,5 millions de fichiers confidentiels issus du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca. Jeudi, la banque allemande a déclaré qu’elle avait déjà fourni à la justice « toutes les informations pertinentes sur les documents de Panama », mais coopérerait pour « clarifier les faits ».