La proximité du Burkina Faso, confronté depuis trois ans à des attaques jihadistes de plus en plus fréquentes et meurtrières, inquiète les autorités nigériennes. Ainsi, l’état d’urgence a été décrété, vendredi 30 novembre, dans trois départements du sud-ouest du pays. « Le conseil des ministres a examiné et adopté le projet de décret portant proclamation de l’Etat d’urgence à Say, Torodi et Téra dans la région de Tillabéri » souvent victimes d’attaques meurtrières « de groupes terroristes », précise un communiqué du gouvernement, lu à la télévision d’Etat.

Cette région du sud-ouest nigérien est toute proche de l’Est du Burkina Faso, théâtre d’attaques djihadistes depuis plusieurs mois. Mi-novembre, deux gendarmes ont été tués et un autre blessé lors de l’attaque par des djihadistes présumés d’un poste de gendarmerie à Makalondi (dans le département de Torodi), à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Niamey.

Un prêtre italien – qui vivait depuis onze ans au Niger – y avait notamment été enlevé le 17 septembre par des hommes armés venus sur des motos à son domicile dans cette région proche du Burkina Faso. Fin octobre, l’armée a été « massivement déployée dans cette zone pour chasser des djihadistes qui tentaient de s’y implanter ».

Cinq départements de Tillabéri déjà en état urgence

Les trois départements nigériens où l’état d’urgence a été décrété « font l’objet d’attaques organisées, perpétrées par des groupes terroristes, mettant en péril l’ordre public et la sécurité des personnes et des biens », a justifié le gouvernement. « Il est nécessaire et urgent » de prendre cette « mesure pour faire face à la situation », assure le communiqué.

L’Etat d’urgence accordera notamment des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité sur les théâtres des opérations, dont celui d’ordonner des perquisitions à domicile de jour et de nuit, a expliqué à l’Agence France-presse (AFP) une source sécuritaire. La mesure est en vigueur depuis mars 2017 dans cinq autres départements de Tillabéri, en raison d’incursions meurtrières attribuées à des groupes djihadistes maliens.

En 2015, Niamey avait déjà décrété l’Etat d’urgence dans la région de Diffa (sud-est), victime d’incursions meurtrières du groupe islamiste Boko Haram établi dans le nord-est du Nigeria. Malgré des frontières considérées comme poreuses, le Niger apparaît comme l’un des pays les plus stables dans une zone en proie aux troubles.