Heurts entre manifestants et police à Marseille, le 1er décembre. / Claude Paris / AP

Rare déferlement de violences, samedi 1er décembre, lors de la troisième journée d’action nationale des « gilets jaunes ». A Paris, après plusieurs heures de scènes de chaos, fermement condamnées par le chef de l’Etat, un calme précaire régnait dans la soirée. Des manifestations et des blocages ont eu lieu un peu partout en France, émaillés par des échauffourées dans plusieurs villes. Quelque 75 000 manifestants ont été recensés sur l’ensemble du territoire. La première journée nationale, le 17 novembre, avait réuni 282 000 personnes, et la deuxième 106 000.

La plupart des mobilisations se sont déroulées dans le calme mais des défilés ont dégénéré à Marseille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Tours ou Dijon. Des « gilets jaunes » ont bloqué dans la journée l’accès à l’aéroport de Nice. D’autres avaient fait une incursion d’une dizaine de minutes sur le tarmac de l’aéroport de Nantes, avant d’être délogés par les policiers.

  • A Marseille, échauffourées et scènes de pillage

A Marseille, plusieurs milliers de personnes ont protesté samedi avant qu’éclatent des débordements avec des scènes de pillage. Selon la préfecture de police, les différents défilés ont réuni 300 « gilets jaunes », 100 motards et environ 350 manifestants appelés par la CGT à se mobiliser pour réclamer un changement de la politique du gouvernement. Ils étaient également quelques milliers à s’être mobilisés contre les logements insalubres, près d’un mois après l’effondrement d’immeubles vétustes du centre-ville. Peu de temps après le rassemblement des différents cortèges sur le Vieux-Port dans la soirée, des affrontements ont débuté avec les forces de l’ordre qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène.

Vingt et une personnes ont été interpellées, a indiqué la préfecture de police vers 21 heures, notamment pour les pillages d’une boutique de téléphonie et d’une bijouterie ainsi que pour l’incendie d’un véhicule de police sur la Canebière. Des palissades de chantiers et des poubelles ont également été brûlées. A la gare Saint-Charles, la Fnac a été vandalisée et les décorations de Noël arrachées par « des casseurs qui n’avaient pas de gilets jaunes », a indiqué une porte-parole de la SNCF.

  • A Dijon, « troubles graves » et sept interpellations

A Dijon, des « troubles graves » ont émaillé la manifestation de « gilets jaunes », où 7 personnes ont été interpellées samedi en début de soirée, notamment pour des violences, a indiqué la préfecture. « Un petit groupe déterminé à en découdre avec les forces de l’ordre » se trouvait toujours en début de soirée sur la place de la République, en centre-ville, « en train de s’en prendre aux décorations de Noël et au mobilier urbain notamment », de même source. Deux incendies, allumés à proximité de la préfecture, avaient été éteints, a-t-elle encore précisé, sans toutefois communiquer de chiffre du nombre de manifestants.

En début d’après-midi entre 5 000 et 6 000 personnes s’étaient réunies devant le Zénith, selon la préfecture, soit l’une des plus fortes mobilisations du pays. Mais des motards sont partis vers le centre-ville alors qu’il était prévu que le rassemblement se dirige vers la rocade. Et la plupart des manifestants les ont suivis, certains manifestants essayant de se rendre devant la préfecture. Les forces de l’ordre ont dû intervenir pour bloquer les manifestants « les plus virulents » et ont fait usage à deux reprises de gaz lacrymogènes, a précisé la préfecture.

  • A Bordeaux, des manifestants tentent d’entrer dans l’Hôtel de ville, sept blessés

A Bordeaux, sept personnes ont été blessées, l’une d’elles grièvement à la main, dans des heurts qui ont opposé samedi après-midi quelques centaines de manifestants aux forces de l’ordre. Les accrochages sont intervenus peu après 16 heures alors qu’une partie des manifestants – qui totalisaient plus de 3 000 personnes, entre « gilets jaunes » et syndicats – a tenté de s’approcher de l’Hôtel de Ville, dont le périmètre était bouclé par des cordons de CRS. Selon la préfecture, « quelques individus ont été interceptés au moment où ils franchissaient les portes » de l’enceinte de la mairie. La préfecture n’a toutefois pas fait mention d’interpellations.

  • Au Puy-en-Velay, la préfecture incendiée

Au Puy-en-Velay, en Haute-Loire, fief du chef de file des Républicains, Laurent Wauquiez, la préfecture a été incendiée en soirée par des « gilets jaunes » déçus d’une rencontre avec le préfet de département. « Les gilets jaunes ont déclenché plusieurs incendies dans la préfecture et dans d’autres locaux administratifs. Ils empêchent les camions de pompiers d’y accéder », a écrit la préfecture dans un communiqué. On déplore une dizaine de blessés dans les rangs des manifestants et autant du côté des forces de l’ordre, selon la préfecture.

  • A Saint-Etienne, violences et casse aux abords d’un centre commercial

A Saint-Etienne, un défilé de plus d’un millier de « gilets jaunes » a dégénéré dans l’après-midi lorsque des groupes de casseurs ont tenté de pénétrer dans le centre commercial Centre-Deux, protégé par la police. Policiers et CRS ont effectué de nombreux tirs de grenades lacrymogènes pour tenter d’éloigner des émeutiers qui tentaient d’entrer dans le centre commercial et leur lançaient des projectiles.

Quatorze interpellations ont eu lieu. Trois l’ont été pour l’incendie d’un chalet de Noël avait indiqué un peu plus tôt le parquet de la ville, ajoutant qu’un mineur avait également été interpellé à Firminy (Loire) en marge d’une autre manifestation alors qu’il lançait des projectiles sur des policiers. Plusieurs blessés légers ont été recensés par les sapeurs pompiers qui leur ont porté secours, principalement des personnes incommodées par les gaz lacrymogènes.

  • A Toulouse, six blessés dans des affrontements

A Toulouse, « six personnes dont deux policiers ont été légèrement blessées » lors d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, selon un communiqué du préfet de Haute-Garonne, Etienne Guyot. Des vitrines de commerce et du mobilier urbain ont aussi été détériorés. Dès le milieu de journée, plusieurs centaines de personnes s’étaient regroupées, les forces de l’ordre faisant rapidement usage de gaz lacrymogènes, en particulier quand les manifestants ont tenté de prendre la direction de la gare SNCF. Repoussés sur le grand boulevard qui enserre le centre historique, des groupes de manifestants, certains équipés de casques, masques et lunettes de plongée, ont alors érigé des barrages avec quelques barrières, des morceaux de bois et des cartons auxquels ils ont mis le feu.

Ils ont été repoussés par des CRS, eux-mêmes cibles de projectiles et répliquant avec des grenades lacrymogènes. Ces « gilets jaunes » ont alors fait la jonction avec une autre manifestation organisée par la CGT et regroupant quelques centaines de personnes. Pendant près de trois heures, ces heurts se sont poursuivis, toujours concentrés sur le boulevard, puis se sont déplacés vers la gare SNCF. La Ville a décidé d’annuler le coup d’envoi des festivités de Noël qui devait avoir lieu samedi, « pour des raisons de sécurité », et le marché de Noël, devant le Capitole, a été fermé.

  • A Tarbes, des manifestants tentent de desceller les grilles de la préfecture

A Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées, quelque 2 600 personnes, selon la préfecture, ont défilé dans les rues en milieu de matinée. Au terme de cette marche, un rassemblement d’environ 700 personnes a commencé dans le calme devant la préfecture des Hautes-Pyrénées. Mais la situation s’est tendue quand un groupe de manifestants a tenté de « desceller les grilles de la préfecture », les forces de l’ordre faisant alors usage de gaz lacrymogènes.