Les Parisiens connaissent bien la silhouette caractéristique des Grands Moulins de Pantin, ses hautes tours, son beffroi chapeauté d’un clocheton visible depuis le périphérique, mais peu ont pu entrer dans cette citadelle. En 2009, 3 200 salariés de BNP Paribas Securities Services, filiale de BNP Paribas, leader mondial du postmarché, c’est-à-dire qui traite les transactions des titres après négociation, ont investi cette ancienne minoterie qui a fonctionné jusqu’en 2003.

Lourde réhabilitation

Les architectes Reichen et Robert, chargés de cette lourde réhabilitation, ont magnifié cette architecture des années 1920, en brique blonde du Nord, et le passé industriel des lieux. Cinq bâtiments reliés par des passerelles s’articulent autour de la cour pavée où courent encore les rails du chemin de fer qui acheminait la farine ou le blé.

La puissante chaudière Babcock & Wilcox, en céramique blanche, trône à l’entrée des salles de réunion, la cafétéria est installée dans l’ancienne chaudière. « Au début, cela surprend, raconte Claire Lumley, attachée de presse, mais ce campus se révèle très adapté à nos activités. »

Certes, à l’exception d’une Journée du patrimoine en 2008, le public n’est pas admis, « c’est une banque », explique Mme Lumley, qui rappelle que la BNP est le premier employeur de Seine-Saint-Denis. Bertrand Kern, le maire (PS) de la ville de 70 0000 habitants, témoigne:

« Pour autant, les salariés n’y sont pas claquemurés. Ils fréquentent les commerces et les restaurants, se font soigner chez les dentistes. Plusieurs salariés sont venus habiter dans notre ville. La banque fait appel à Pôle Emploi, notamment pour des postes non qualifiés, et soutient plusieurs associations. Il n’y a pas eu de rejet des Pantinois vis-à-vis de ces salariés dont certains sont parfois très bien payés ».
L’implantation de BNP Paribas a permis d’améliorer les transports, malgré des débuts difficiles

L’installation de la banque apporte aussi des ressources financières non négligeables, de 500 000 euros par an à la commune et 5 millions d’euros pour Est Ensemble, l’intercommunalité.

L’implantation a permis d’améliorer les transports, malgré des débuts difficiles. Aux heures de pointe, les usagers devaient faire la queue et patienter de longues minutes pour accéder aux quais du RER E qui relie le site à la gare Saint-Lazare en 20 minutes. La fréquentation de la gare de Pantin a quintuplé entre 1998 et 2018, passant de 3 000 passages par jour à 15 000, une affluence mal anticipée par le syndicat des transports d’Île-de-France.

La banque a financé la construction d’une passerelle en bout de quai, la gare a été réaménagée, percée de plusieurs ouvertures pour fluidifier les allers et venues. La ville a obtenu que le tramway qui ceinture Paris passe aux pieds des Grands Moulins. « Dix ans plus tard, l’impact est très positif », résume l’élu.

Cet article fait partie d’un dossier réalisé en partenariat avec l’établissement public foncier d’Ile-de-France.