Geoffroy Didier est vice-président (LR) de la région Ile-de-France et président de l’Etablissement public foncier d’Ile-de-France (Epfif). Entretien.

Quel rôle joue l’Epfif dans la réalisation des quartiers du Grand Paris ?

L’Epfif est avant tout un outil de portage foncier permettant aux maires de réaliser leurs projets structurants. Trois cent quatre-vingts communes, à commencer par Paris, ont signé une convention avec notre établissement. Nous sommes propriétaire de 12 millions de mètres carrés au sol, soit un très fort potentiel de logements : par exemple, les 107 hectares du site de l’ancienne usine Peugeot-Citroën d’Aulnay (Seine-Saint-Denis) et, en cours d’acquisition, les terrains des deux futurs villages olympiques des Jeux de 2024, en Seine-Saint-Denis, qui, à terme, deviendront de nouveaux quartiers durables.

L’Epfif joue également un rôle de régulateur foncier en achetant, dans des zones stratégiques et des territoires en pleine transformation, des terrains qui méritent d’être protégés de la spéculation, autour des futures gares du Grand Paris. Ainsi, avec la Caisse des dépôts, nous avons créé une société commune de portage foncier à long terme, sur dix ans. L’objectif est d’empêcher la flambée des prix en limitant le prix final pour le Francilien qui cherche à se loger.

Le logement en Ile-de-France est cher, notamment en raison de la concurrence entre des promoteurs prêts à surenchérir. Quel rôle peut jouer l’Epfif pour contrer cette tendance ?

Notre établissement fait baisser le prix du foncier en revendant les terrains à prix coûtant, sans marge ni intérêts. En 2018, nous avons vendu pour 300 millions d’euros de terrains pour édifier 6 500 logements et avons acquis du foncier pour 400 millions d’euros. Nous cédons ce stock de plus en plus vite, + 15 % de ventes en 2017, + 20 % en 2018, de quoi fluidifier le marché ! L’Epfif aide aussi les maires à réaliser leurs objectifs de logements sociaux en vertu de la loi de solidarité et de renouvellement urbains, grâce à une minoration de la charge foncière. Nous utilisons les contributions payées par les communes déficitaires, à hauteur de 16 millions d’euros, en 2017. Avec la région, nous soutenons la production diversifiée de logements, du très social à l’intermédiaire.

Depuis deux ans, l’Epfif est aussi très impliqué dans la lutte contre l’habitat indigne et les marchands de sommeil. A ainsi été créée, avec Action Logement, la Sifae (Société immobilière et foncière Action Logement-Epfif), pour acheter des pavillons dans des périmètres à risque et les soustraire aux marchands de sommeil. Nous pilotons également les grandes opérations nationales de requalification des copropriétés dégradées, à Grigny (Essonne), Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ou Mantes-la-Jolie (Yvelines). Près de 5 000 logements sont concernés sur chaque site.

Constatez-vous un ralentissement du marché immobilier ?

Oui, nous nous y préparons. Avec plus de 100 000 logements mis en chantier en 2017, nous n’avons jamais autant construit en Ile-de-France, mais les maires anticipent déjà les élections municipales de mars 2020 en réduisant leurs permis de construire, dont le nombre a chuté de 7 % sur les sept premiers mois de 2018. Les mesures gouvernementales créent, en outre, un climat d’incertitude, avec la suppression des aides au logement pour les accédants ou la fragilisation des bailleurs sociaux. Et, ce qui n’arrange rien, le flou perdure sur l’enchevêtrement des compétences au sein du Grand Paris. Les acteurs publics et privés ont besoin de simplicité et de lisibilité.

Cet article fait partie d’un dossier réalisé en partenariat avec l’établissement public foncier d’Ile-de-France.