Des lycéens à Bordeaux, le 5 décembre 2018. / NICOLAS TUCAT / AFP

Tandis que la mobilisation des lycéens se poursuit avec des dizaines d’établissements perturbés ou bloqués, mercredi 5 décembre, un nouveau blessé grave a été recensé parmi les manifestants. A Saint-Jean-de-Braye, une commune de la banlieue d’Orléans, un élève a été atteint, dans la matinée, devant le lycée Jacques-Monod, par un tir de lanceur de balle de défense (LBD), une arme que remplace le Flash-Ball dans l’équipement des policiers.

Le procureur de la république d’Orléans, Nicolas Bessone, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) qu’un « certain nombre de jeunes était en train de commettre des dégradations devant le lycée Monod (…). Certains jeunes sont venus au contact, les policiers nationaux ont d’abord fait usage de gaz lacrymogène avant que l’un d’eux n’utilise son lanceur de balle de défense. Un jeune âgé de 16 ans a visiblement été touché au front et a chuté au sol. » Son pronostic vital n’est pas engagé.

Le magistrat a rapporté que le jeune homme avait été évacué vers le centre hospitalier régional (CHR) d’Orléans. « J’ai ouvert une enquête, confiée aux policiers de la sûreté départementale, pour déterminer dans quelles circonstances a été fait usage de ce lanceur de balle de défense », a expliqué M. Bessone.

« Extrême violence »

Le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer a par ailleurs indiqué mercredi matin au micro de France Info que quatre lycéens ont été blessés « assez grièvement » depuis le début de la mobilisation. A Paris, quatre policiers ont également été blessés et cinq personnes interpellées pour dégradations et jets de projectiles aux abords du lycée François-Villon (XIVe arrondissement), selon une source policière.

« Ce qui se passe là est dangereux », a déclaré le ministre de l’éducation nationale, qui s’est dit préoccupé par un degré inédit de violence. « Ce qui est inquiétant n’est pas le nombre » de lycées touchés, a-t-il ajouté, mais le fait que « le mouvement est d’emblée extrêmement violent » avec « des gens qui, comme dans les manifestations de samedi dernier, n’ont plus de limites ».

Le ministre relevait une mobilisation à la baisse d’après les remontées d’une quinzaine d’académies (sur trente), avec des perturbations plus importantes dans celles de Créteil, Versailles, Marseille ou Lyon, déjà davantage touchées ces derniers jours.

En région parisienne, dix personnes ont été interpellées en Seine-Saint-Denis, où un véhicule a été incendié, selon la préfecture ; neuf autres l’ont été dans l’Essonne, notamment pour jets de projectiles à Bondoufle où une centaine de jeunes s’étaient réunis. Des incidents violents ont été rapportés à Mantes-la-Jolie, où des bonbonnes de gaz ont été incendiées en vue de blesser des représentants des forces de l’ordre parmi des jets de cocktails Molotov. Quatre personnes ont été interpellées.

A Paris, des rassemblements ont eu lieu dans les universités Paris-III (Censier) et Paris-I (Tolbiac), toujours d’après la préfecture, signe d’une extension de la mobilisation lycéenne à des universités. A Tolbiac, une assemblée générale rassemblant plusieurs centaines d’étudiants a voté la « poursuite du blocage du site » au moins jusqu’à vendredi, a constaté un journaliste de l’AFP.

Selon le ministère, des perturbations plus légères sont également observées dans les académies d’Amiens, Nantes et Bordeaux, où six lycéens ont toutefois été placés en garde à vue.

Appel à la mobilisation jeudi

La mobilisation lycéenne ne devrait pas s’arrêter là, puisque le Syndical général des lycéens (SGL) et la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) appellent à une importante journée de mobilisation jeudi. L’Union nationale lycéenne (UNL) invite, quant à elle, à bloquer « tous les lycées » vendredi.

Les lycéens contestataires et leurs représentants syndicaux réclament l’abandon des réformes du lycée, du bac, de la voie professionnelle et de la loi ORE, introduite l’an dernier pour l’entrée à l’université et instituant la plate-forme controversée Parcoursup.

Des lycéens mobilisés à travers le pays
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