Avec six buts à 100 % de réussite, Estelle Nze Minko a survolé la rencontre face aux Danoises. / LOIC VENANCE / AFP

Attention, artistes en tournée. Comme leurs homologues masculins en 2017, l’équipe de France féminine de handball poursuit son tour de France, à l’occasion de l’Euro. Après Nancy, et en espérant Paris, les coéquipières d’Estelle Nzé-Minko ont posé leurs valises à Nantes. Et qui pouvait s’inquiéter de la potentielle fatigue impliquée par la journée de transfert a rapidement été rassuré. A l’instar de leurs deux derniers matchs, les joueuses d’Olivier Krumbholz ont récité leur partition, jeudi 6 décembre, et largement battu le Danemark (29-23).

« Je ne sais pas si c’est notre match le plus abouti, puisque après chaque rencontre, on me dit que c’est notre prestation la plus aboutie, s’est amusée après la rencontre Allison Pineau. C’est une prestation très maîtrisée. On les a mises en difficulté. » Un euphémisme, tant les Scandinaves, dont les Françaises se méfiaient sans surjouer la crainte, n’ont jamais semblé en mesure d’inquiéter « la meilleure défense du monde », comme l’a qualifiée Pineau.

« Elles essaient de jouer dur et font beaucoup de fautes comme les Monténégrines », avaient averti Olivier Krumbholz avant le match. Mais les arbitres croates n’ont guère laissé de répit aux actrices de la rencontre, ce qu’a salué l’entraîneur français, qui a tenu à « souligner la qualité de l’arbitrage, qui a immédiatement calmé les velléités des deux équipes pour que le match ne soit pas trop dur. Ils ont été sévères comme il faut pour que les joueuses soient protégées. »

Amandine Leynaud intraitable dans ses cages

D’autant que ses ouailles n’ont rapidement plus eu besoin de personne pour se protéger. Après quelques minutes à se régler au jeu de l’adversaire, les Françaises d’une Amandine Leynaud intraitable dans ses cages (12 arrêts au total) ont parfaitement exploité les errements adverses.

Défendant haut, les Scandinaves ont laissé leurs adversaires tailler des brèches parmi elles, prendre de la vitesse et s’y engouffrer. Et quand les Françaises sont létales au tir, comme l’ont été Estelle Nzé-Minko et Grace Zaadi en première période (respectivement 5 et 4 buts à 100 % au tir), aucune équipe ne tient la cadence. « On avait certainement plus de jus qu’elles, a relevé l’entraîneur français. On a su utiliser les espaces parce qu’elles étaient quand même très éloignées les unes des autres et ont du mal à tenir nos débordements, que ce soit ceux en changement de rythme de Grâce ou ceux déroutants d’Estelle. »

Accusant jusqu’à neuf buts de débours, l’ambitieuse équipe danoise a été éparpillée en presque autant de pièces que ses 443 îles. En maître géographe consciencieux, Olivier Krumbholz a pu faire « soulager [ses] titulaires », offrant du temps de jeu à l’arrière-ban du banc bleu. « Un luxe », selon l’expérimentée Camille Ayglon.

« Cette avance nous a permis faire rentrer tout le monde dans la compétition et d’économiser des forces, parce que l’enchaînement est très important, a mis en avant la joueuse nantaise. Et en fin de la compétition, ça pourra faire la différence avec d’autres équipes obligées de tirer sur les mêmes joueuses pendant tout le match. »

Pas de passage à vide face aux Danoises

Depuis l’entame de la compétition continentale, à chaque rencontre, les Françaises avaient jusque-là subi un passage à vide en seconde période. Et l’entraîneur des Bleues leur répétait d’éviter cet écueil. Contre le Danemark, si les Scandinaves ont proposé un autre visage pour débuter les trente dernières minutes, elles ne se sont jamais rapprochées suffisamment pour inquiéter les Françaises.

« On a perdu contre une équipe plus forte que nous. Elles ont très bien joué des deux côtés du terrain et ne nous ont laissé aucune chance », a constaté la Danoise Stine Jorgensen. Son entraîneur, Klavs Bruun Jorgensen, lui a fait écho. « La France a montré aujourd’hui pourquoi elle était une des meilleures équipes du monde et pourquoi elles avaient gagné le championnat du monde l’an dernier. »

« Ça fait trois matchs qu’on met la pression et ça fait trois matchs qu’on domine », s’est félicité Olivier Krumbholz au terme de la prestation de ses joueuses. Après avoir trébuché dans le piège russe tendu à l’ouverture de la compétition, les Françaises poursuivent leur montée en puissance. Avec quatre points, elles se positionnent favorablement en vue de la qualification pour les demi-finales.

Prochaine étape de la tournée ? Une seconde date à Nantes, samedi, face à la Suède (15 heures). « Ça va être compliqué, encore une fois, on affronte une équipe qui va sûrement jouer sa vie, a averti Amandine Leynaud. En même temps, depuis le début de cet Euro, j’ai l’impression que tout le monde joue sa vie à chaque match. » Difficile de mieux définir ce « Life or Death Tour » entamé par les Bleues depuis maintenant une semaine. Et au vu de leur performance jeudi sur la scène de la halle XXL de Nantes, les Françaises peuvent viser plus haut. Comme remplir Bercy – lieu des demi-finales et de la finale – à deux reprises par exemple.