La « peste brune » sous le « gilet jaune » : le militant d’extrême droite Hervé Lalin, dit Ryssen, condamné à plusieurs reprises pour ses propos antisémites, se retrouve en « une » de Paris Match jeudi 6 décembre, avec la légende « 12 h 05, le 1er décembre, place de l’Etoile. Un moment de dialogue qui n’évitera pas le chaos. » On le voit, portant un drapeau français, s’adresser à un gendarme mobile. En arrière-plan, l’Arc de triomphe. Sa présence en couverture de l’hebdomadaire a suscité une forte indignation, en particulier de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra). Dans un tweet, l’association a apostrophé le rédacteur en chef chargé de la politique et de l’économie, Bruno Jeudy : « Les antisémites et les négationnistes jubilent grâce à la visibilité que vous leur offrez ainsi ! »

« Paris Match » plaide la bonne foi 

Contacté par Le Monde, Bruno Jeudy plaide la bonne foi. « Je suis tombé des nues, nous ne l’avons pas reconnu », explique-t-il. Le cliché, réalisé samedi par une photographe de l’agence Sipa, ne donnait aucune précision sur l’identité du militant que l’on aperçoit de profil. Une journaliste de l’AFP couvrant l’extrême droite, Anne Renaut, a remarqué mercredi soir qu’Hervé Ryssen avait retweeté la « une » en l’accompagnant d’un commentaire : « Allez, je fais la “une” de Paris Match. »

« Il ne doit pas y avoir de malentendu sur la couverture de Paris Match », a répondu le directeur de la rédaction Olivier Royant, dans un communiqué publié jeudi sur le site de Paris Match. Il a également souligné que « les dizaines de photojournalistes engagés sur le terrain, en raison des conditions extrêmement difficiles, n’étaient pas en mesure de recueillir l’identité, moins encore les arrière-pensées des manifestants ».

Et d’ajouter :

« Cette photographie fortuite révèle néanmoins l’infiltration du mouvement des “gilets jaunes” par les extrémistes, notamment, de l’ultra-droite. C’est ainsi que cet individu s’est retrouvé en couverture de notre magazine. Il n’est nul besoin de rappeler que “Paris Match” combat sans ambiguïté, depuis sa création en 1949, toutes les formes de racisme et d’antisémitisme. »

En parcourant les sites Twitter et Facebook d’une autre figure de l’extrême droite, Yvan Benedetti, une vidéo permet de comprendre le contexte de la photographie qui se retrouve en “une” de Paris Match. L’ancien président de l’Œuvre française, mouvement d’extrême droite dissous par l’ancien ministre de l’intérieur Manuel Valls, harangue les forces de l’ordre : « C’est vous qui pouvez changer les choses ! » A ses côtés, Hervé Lalin et son drapeau français.

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