Le député et premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, à l’Assemblée nationale, mercredi 5 décembre. / JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »

Les députés socialistes, communistes et de La France insoumise (LFI) vont déposer ensemble, lundi 10 décembre, une motion de censure contre le gouvernement, dont ils dénoncent la gestion de la crise des « gilets jaunes ».

Pour le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, cette motion de censure « sert à montrer qu’il y a d’autres voies possibles (…) si la colère ne trouve pas un relais, vous n’aurez que la rue »« Nous allons chercher pendant les jours qui viennent à élargir le cadre de ceux qui pourront déposer avec nous » cette motion, au sein d’autres groupes politiques, a précisé jeudi M. Faure, aux côtés d’élus LFI et communistes.

La motion devra être soumise au vote de l’Assemblée au moins quarante-huit heures après son dépôt, en vertu de l’article 49-2 de la Constitution. Pour faire tomber le gouvernement, il lui faudrait réunir une majorité, ce qui paraît peu probable, ces groupes de gauche comptant 62 membres au total, sur 577 députés.

« Changer de gouvernement et donc de politique »

« On a un gouvernement qui va droit dans le mur, c’est de notre responsabilité de mettre un stop à ça et de faire en sorte qu’on change de gouvernement et donc de politique », a affirmé Ugo Bernalicis (LFI). Ce député du Nord veut convaincre des députés « notamment LRM » de joindre leurs signatures car, selon lui, « il y a des gens raisonnables » parmi eux, dont Sonia Krimi, qui a revêtu un gilet jaune « symboliquement » dans sa circonscription.

« Ce qui nous rassemble, au-delà de ce qui peut nous diviser, c’est au moins une volonté commune que cette fiscalité soit plus juste », a ajouté M. Faure, député de Seine-et-Marne, qui prévoit d’ici à lundi de travailler au texte commun de la motion en fonction d’éventuels ralliements.

Le groupe socialiste a attendu la déclaration d’Edouard Philippe mardi devant l’Assemblée nationale pour décider d’apporter ses voix au projet de motion. L’Assemblée a approuvé mercredi par 358 voix contre 194 les mesures annoncées par le chef du gouvernement, à l’issue d’un débat de près de cinq heures.

Macron parlera « quand c’est utile »

Depuis plusieurs jours, députés de l’opposition mais aussi « gilets jaunes » dénoncent le silence d’Emmanuel Macron, qui n’a pas pris la parole publiquement depuis les violences qui ont frappé Paris et plusieurs villes de France lors des manifestations samedi. Il s’est exprimé sur le sujet en conseil des ministres mercredi, demandant, selon le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, « aux forces politiques et syndicales, au patronat de lancer un appel clair et explicite au calme ».

Le ministre chargé des relations avec le Parlement, Marc Fesneau, a affirmé jeudi que le chef de l’Etat « parlera quand c’est utile pour que la sérénité revienne ».

Les petites mairies ouvertes samedi pour recevoir des doléances

Parallèlement, les associations des maires ruraux et des petites villes de France ont annoncé jeudi qu’ils demanderaient à leurs élus d’ouvrir leurs mairies samedi, jour de mobilisation annoncée des « gilets jaunes ».

Contre « la surdité » de ceux qui gouvernent, les maires veulent « permettre à chacun de nos concitoyens d’exprimer verbalement leur colère », écrivent l’Association des maires ruraux (AMRF) et l’Association des petites villes de France (APVF) dans un communiqué commun. « Lors de cette journée, le rôle du maire et du conseil municipal sera d’écouter, d’enregistrer et de faire remonter l’information, sans prendre parti, sans juger, sans contredire… », poursuivent-elles.

« Charge ensuite à l’Etat de récolter, d’écouter et de synthétiser les remontées », précisent les deux associations qui regroupent environ 11 000 maires. Une synthèse départementale des « doléances et propositions » devrait, selon ces associations, être ensuite diffusée « au gouvernement, au Parlement et aux médias ».

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