Un officier de l’armée congolaise accusé d’être impliqué dans le meurtre en 2017 de deux experts des Nations unies au Kasaï, en République démocratique du Congo (RDC), a été arrêté par un tribunal militaire, a-t-on appris, vendredi 7 décembre, de source judiciaire.

« Le colonel Jean de Dieu Mambweni a été arrêté jeudi pour son implication présumée dans la préparation de la mission qui a conduit au meurtre de deux experts de l’ONU et de leurs accompagnateurs congolais », a déclaré le colonel Jean Maurice Lianja, du parquet militaire de Kananga.

Cette arrestation a été ordonnée après l’audition par le tribunal d’un enregistrement sonore où l’on entend un échange entre une voix attribuée à l’officier et une voix de femme attribuée à l’experte Zaida Catalan. « Nous voulons rencontrer les membres de la famille Kamuina Nsapu », un chef milicien tué lors d’une opération des forces de sécurité après s’être rebellé contre le pouvoir de Kinshasa, dit cette voix de femme.

« Je vais vous mettre en contact avec un membre de cette famille qui s’appelle Betu. C’est un garçon très gentil. Je vous recommande de le recevoir dans la chambre de Michaël pour sa sécurité », répond une voix qui serait celle du colonel Mambweni. « Si vous voulez avoir plus de précisions sur l’armement de la milice, je vous conseille d’arriver où un certain Mohamed détient une cache d’armes », poursuit la même voix.

« Rôle trouble » des agents de l’Etat

Au cours de l’audience de jeudi, le colonel Mabweni comparaissait à titre de témoin, selon un correspondant de l’AFP. Les avocats de la défense ont exigé du tribunal la comparution, à la prochaine audience, de trois autres officiers en qualité de témoin, mais également de l’ex-ministre de l’intérieur Emmanuel Ramazani Shadary (2016-2018), candidat du pouvoir pour la présidentielle du 23 décembre en RDC.

La Suédoise d’origine chilienne Zaida Catalan et l’Américain Michael Sharp ont été tués le 12 mars 2017 près de Bunkonde par les miliciens « terroristes » Kamuina Nsapu, selon les autorités congolaises. Ils enquêtaient sur les violences dans le Kasaï pour le compte du Conseil de sécurité de l’ONU.

Une récente enquête de médias internationaux, dont Le Monde, qui s’appuie « sur des milliers de pages de documents confidentiels des Nations unies », est revenue sur le « rôle trouble » attribué à des « agents de l’Etat » congolais dans le meurtre des deux experts.