Donald Trump n’a pas apprécié les critiques proférées par son ancien secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, vendredi 7 décembre. Silencieux depuis son départ du département d’Etat, en mars, l’ancien patron du puissant groupe pétrolier Exxon Mobil était sorti de sa réserve au cours d’un entretien accordé à la chaîne CBS dans lequel il ne ménageait pas le milliardaire. Le président des Etats-Unis a répliqué en publiant en début d’après-midi un message furibond sur son compte Twitter dans lequel il a jugé son ancien chef de la diplomatie « bête comme ses pieds » et « feignant comme une couleuvre », regrettant de ne pas avoir pu s’en débarrasser plus vite. 

Rex Tillerson, qui n’a jamais démenti avoir qualifié publiquement Donald Trump de « crétin » au cours d’une réunion houleuse au Pentagone, en 2017, n’avait pas épargné le président un peu plus tôt. « Nous étions profondément différents. Nous n’avions pas le même système de valeurs », avait-il déclaré pour expliquer son départ contraint, annoncé alors qu’il était en tournée à l’étranger. « Il fallait que je lui dise : Monsieur le président, je comprends ce que vous voulez faire mais vous ne pouvez pas le faire de cette façon-là, ça enfreint une loi, ça viole un traité. Cela le contrariait beaucoup. Je pense qu’il en avait assez que je sois ce type qui lui disait tous les jours : vous ne pouvez pas faire ça, voyons ce qu’on peut faire ».

« J’ai eu du mal, venant de l’entreprise Exxon Mobil, méthodique et très axée sur le suivi des procédures, à travailler pour un homme qui ne l’est pas, qui n’aime pas lire, qui ne lit pas les rapports, qui n’aime pas aller dans le détail dans de nombreux domaines », avait-il ajouté, confirmant de nombreuses descriptions de cette présidence.

Les jours de James Mattis sont comptés

Donald Trump s’attaque souvent à ceux qu’il veut humilier en moquant leur manque d’intelligence. La représentante démocrate de Californie Maxine Waters est régulièrement présentée comme affectée d’un « faible » ou « très faible » quotient intellectuel. Selon Bob Woodward, le président aurait également qualifié son ancien ministre de la justice, Jeff Sessions, ancien élu de l’Alabama, de « Sudiste borné ». Ce qu’il a démenti publiquement.

Rex Tillerson était rangé au sein de l’administration parmi les « adultes », selon la classification de la presse américaine, qui défendaient les positions traditionnelles des Etats-Unis sur la plupart des dossiers internationaux. Ils plaidaient notamment pour le respect de l’accord sur le nucléaire iranien auquel a renoncé unilatéralement Washington en mai.

Après les départs successifs du conseiller économique Gary Cohn, du conseiller à la sécurité nationale H.R. McMaster et de Rex Tillerson, remplacés pour ces deux derniers des nationalistes partageant les vues du président, John Bolton et Mike Pompeo, le secrétaire à la défense, James Mattis, est l’unique survivant de ce groupe. Les jours de ce dernier au sein de l’administration seraient cependant comptés selon la presse américaine. Donald Trump l’a récemment présenté comme un « démocrate », une critique d’autant plus cuisante que ce général des marines avait été poussé à la retraite par l’administration de Barack Obama compte tenu de positions jugées très critiques par rapport à l’Iran.