De Toulouse à Nantes, en passant par Marseille ou Lyon, des milliers de personnes ont manifesté en régions, samedi 8 décembre, pour la quatrième journée de mobilisation des « gilets jaunes ».

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  • Marseille : deux mille « gilets jaunes » défilent dans le calme

A Marseille, deux mille « gilets jaunes » ont défilé dans le calme ; à la mi-journée, ils étaient massés devant la préfecture, où une délégation a été reçue. Au mégaphone, les manifestants se sont relayés ; l’un criait « abolition des privilèges, le pouvoir au peuple ! » quand un autre a appelé les gendarmes à les rejoindre. « Peuple marseillais, on a fait une démonstration de force, sans casseurs, pacifiquement. On a gagné. C’est nous qui nous levons à 4 heures, à 5 heures, pour faire marcher la France ». Une voix dans la foule : « C’est nous qu’on va arrêter de faire marcher la France ! » Le cortège a sillonné le centre de Marseille sans incident. Sur son passage, des policiers en civil multipliaient les contrôles et les fouilles, notamment les plus jeunes, peu nombreux dans les rangs des Gilets jaunes.

  • Lyon : neuf interpellations

A Lyon, après une matinée à la fois animée et calme, après la marche pour le climat rassemblant plus de 7 000 personnes selon la préfecture, sans incident, la situation a changé en début d’après-midi. « Urgence sociale, urgence climatique » scandait le cortège dans un climat festif le matin avant que la marche pour le climat ne commence à se disperser. Les quelque 600 « gilets jaunes » qui voulaient rester ensemble ont commencé à parcourir des rues du centre-ville par groupes fractionnés et de manière désordonnée. La police, très mobile, craint la présence de casseurs et a interpellé neuf personnes après des incidents avec des gilets jaunes et des jeunes.

  • Lille : convergence des « gilets jaunes » et des « gilets verts »

A Lille, dès 14h, la manifestation des « gilets jaunes » a quitté la place de la République avec, dans ses rangs, des Nordistes plus motivés que jamais. Pour cette quatrième manifestation lilloise, un bon millier de « gilets jaunes » sillonnent les rues de centre-ville avec, cette fois-ci, un point de convergence avec l’autre manifestation de ce samedi, celle pour le climat. « L’écologie, c’est important pour beaucoup d’entre nous, explique Alison Hubert, une des organisatrices de l’événement. Il y a des mesures à mettre en place d’urgence : la réduction des emballages, taxer le kérosène, favoriser le circuit court, etc ».

Leonard et Audrey, 25 ans, conseiller en insertion professionnelle et masseur kiné en libéral, sont venus avec une pancarte mi-jaune mi-verte. Leur slogan : « gilet jaune pour les hommes et la transition économique, gilet vert pour la planète et la transition écologique ». Leur choix s’est porté sur la manif des gilets jaunes « parce que ce n’est pas avec leurs taxes à deux balles qu’on va sauver la planète », disent-ils. Le couple avait voté pour la France insoumise, « pas pour Mélenchon, ce n’est pas pareil », et « s’attendait au pire avec Macron mais là il bat des records ! »

« Gilets jaunes » et « gilets verts » ont prévu de se rejoindre vers 16h ; s’il n’y a pas eu d’incidents, le cortège a vécu plusieurs moments de fortes tensions. Certains « gilets jaunes », quelques lycéens et ultras ont essayé de se frotter aux forces de l’ordre.

  • Nantes : tensions autour de la préfecture

A Nantes, en Loire-Atlantique, des manifestants se sont rassemblées devant la préfecture de Nantes, dans l’après-midi, pour rejouer la scène des lycéens interpellés à Mantes-la-Jolie, jeudi soir. « Dans moins de 10 minutes, ça pète », pronostique une voix dans la foule alors que des hélicoptères de surveillance tournoient dans le ciel et que des nuages de lacrymogène flottent dans l’air. Malgré la pluie, plusieurs milliers de manifestants ont défilé dans les rues et, dans le centre-ville, les magasins ont baissé leur rideau par sécurité au passage du cortège.

Au premier rang, des membres de « Nantes révoltée » qui entonnent : « ça va péter » ; des « Macron démission » sont repris en chœur. Dans la foule, Eloïne, Nantaise de 22 ans, est au chômage « malgré un BTS esthétique management en poche. C’est la galère permanente. Je finis les fins de mois à découvert ». Elle, qui a voté blanc aux dernières élections, veut que « la voix revienne au peuple. Le président a oublié qu’il a été élu par très peu de personnes. C’est pour ça qu’il y a une mini-révolution ».

  • Toulouse : des violences et des blessés

A Toulouse, des premiers tirs de gaz lacrymogène ont été constatés en début d’après-midi, avant que de violents affrontements opposaient les forces de l’ordre et des dizaines de manifestants ; des blessés ont été signalés. Les violences se sont intensifiées en queue de cortège après des charges de CRS et la manifestation composite d’écologistes, de « gilets jaunes », de syndicalistes et de lycéens (2 000 à 2 500 personnes) s’est scindée en de nombreux groupes.

  • Rennes : aucun blocage à la mi-journée

Aucun blocage n’étaient à signaler, à la mi-journée, dans le centre-ville de Rennes. Dans la matinée, quelques dizaines de « gilets jaunes » ont mené une action devant le dépôt de carburant de Vern-sur-Seiche, à quelques encablures de la capitale bretonne. Ils ont quitté les lieux il y a quelques instants. Certains ont regagné l’un de leurs quartiers généraux, à Saint-Grégoire, promettant « d’autres actions » dans les heures à venir. Plusieurs manifestations sont prévues cet après-midi à Rennes.

Une marche pour le climat devait avoir à partir de 14 h. Un rassemblement pour la réunification de la Bretagne est organisé à la même heure. Des « gilets jaunes » prévoyaient de déambuler dans le même temps. D’aucuns souhaitent une réunion des cortèges. Le groupe local de La France insoumise a ainsi appelé, dans un communiqué, à une « convergence des luttes » entre les « gilets jaunes » et les personnes mobilisées, ce samedi, à Rennes, en faveur de la protection de l’environnement.

  • Narbonne : plus de 1 600 « gilets jaunes » défilent dans le calme

« Gilets jaunes », agriculteurs, motards, viticulteurs, quelque 1 600 personnes, selon la préfecture, venues des quatre coins de l’Aude, manifestaient samedi après-midi dans le centre de Narbonne où un péage autoroutier avait été incendié et saccagé le week-end dernier.

« Énorme », s’est exclamé Philippe Faugères, porte-parole du groupe de « gilets jaunes », « Carcassonne en colère » venu manifester à Narbonne. Le cortège fait « plus de 500 mètres de long » et se déroule « dans une ambiance très bon enfant, encadré par les forces de l’ordre », a-t-il déclaré, avant de partir à la rencontre du sénateur et du député de la circonscription.

Brandissant des drapeaux occitans et tricolores, les manifestants ont fait dévaler un tracteur sur les marches du palais de justice de Narbonne, où un peu plus tôt dans la journée, plusieurs dizaines s’étaient agenouillées, les mains derrière la nuque, en signe de soutien aux lycéens de Mantes-la-Jolie, a constaté un correspondant de l’AFP.

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