Steve Bannon, Tom Van Grieken, Marine Le Pen et Radim Fiala , le 8 décembre à Bruxelles. / ERIC VIDAL / REUTERS

Le Pacte mondial sur les migrations élaboré par les Nations unies est décidément devenu le nouveau totem des droites radicales. Réunis pour un meeting au Parlement régional de Flandre, samedi 8 décembre, à Bruxelles, Marine Le Pen, l’ancien conseiller du président Donald Trump, Steve Bannon, et des représentants tchèques et flamands ont dénoncé ce texte qualifié de « suicidaire », devenu l’un des thèmes clés de la campagne pour les élections européennes de mai 2019.

Invités par le parti flamand d’extrême droite Vlaams Belang, placés sous une grande bannière incitant à « protéger l’Europe » contre la « submersion migratoire », Mme Le Pen et ses amis du Mouvement pour l’Europe des nations et des libertés (MENL) – l’alliance de partis d’extrême droite fondée en 2014 devenue un parti politique européen en 2015 – ont longuement rendu hommage aux pays qui refusent de signer ce texte : les Etats-Unis de Donald Trump, la Hongrie de Viktor Orban, l’Italie de Matteo Salvini, etc.

Références aux « gilets jaunes »

Emmanuel Macron, qui signera lui ce « pacte avec le diable ne visant qu’à transformer le monde en un grand squat », est rangé par Mme Le Pen dans le camp des « immigrationnistes irrépressibles ». La présidente du Rassemblement national (RN) n’a pas manqué de faire le lien avec les manifestations des « gilets jaunes » qui se déroulaient simultanément, en affirmant qu’en « organisant l’immigration », le pouvoir ne ferait que « réduire le pouvoir d’achat des salariés, dilapider les aides sociales, distribuer de l’argent à la terre entière », alors que de nombreux citoyens « connaissent des difficultés pour se déplacer, se loger, voire manger ».

Pour le reste, la présidente du RN a préféré adopter la posture de la femme d’Etat en refusant de commenter plus longuement la mobilisation ou les mesures de maintien de l’ordre adoptées samedi, en France. Elle a indiqué être « la première à se réjouir » de l’impact plus réduit des violences. Invitant toutefois le président à « arrêter de se claquemurer à l’Elysée » et d’avoir une approche seulement « sécuritaire », elle lui demande de « tenir compte de la souffrance qui est exprimée ».

Steve Bannon, lui, a totalement annexé le mouvement des « gilets jaunes » à son projet de destruction de l’Union européenne et d’édification d’un courant de « nationalisme économique et de populisme de droite ». « Dans les petits villages, dans les zones rurales de France et dans les rues de Paris, les “gilets jaunes”, les “déplorables” de France, sont exactement le même type de personnes que celles qui ont élu Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, le même type de personnes qui ont voté pour le Brexit. Ils veulent avoir le contrôle de leur pays, ils croient en l’Etat-nation », a estimé le fondateur de The Movement, une organisation qu’il compte implanter à Bruxelles, mais aussi en Asie et en Amérique latine désormais.

Des « convergences » à venir

Un projet qui divise déjà l’extrême droite européenne, où certains craignent un surplus d’interventionnisme de cet allié américain. Au début du mois d’octobre, Mme Le Pen affirmait avoir « repositionné le débat » à l’issue d’une rencontre avec M. Bannon. La fondation de ce dernier, une sorte de « think tank », apporterait des idées, des aides techniques et des contacts à un mouvement européen des droites populistes, mais n’aurait pas vocation à le diriger ou le structurer.

Samedi, M. Bannon n’a, en tout cas, pas détaillé sa méthode pour fédérer ceux qui, « avec Orban, Salvini, Le Pen, Bolsonaro » entendent s’opposer aux « globalistes marxistes » et « l’élite de Davos », coalisés d’après lui pour promouvoir le « pacte impérialiste » de l’ONU.

Le prochain objectif des participants à la réunion de Bruxelles sera d’assurer « l’alternance » en Europe, comme l’affirme Mme Le Pen. « Pour la première fois, elle est possible, et notre objectif n’est pas de participer, mais de gagner » dit-elle. L’alliance des droites radicales qui précédera le scrutin du 26 mais sera suivie de « convergences », annonce la dirigeante du RN. Pour constituer, au moins, une minorité de blocage à Strasbourg.

Le front des « vrais Européens » pourrait, selon elle, être élargi à des membres de l’actuel groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR), qui regroupe 71 eurodéputés de 18 pays, membres de la droite et de la droite nationaliste. Son existence pourrait être mise en péril par le retrait des élus conservateurs britanniques suite au Brexit. ECR rassemble provisoirement des partis comme Droit et justice (PiS, polonais), la N-VA (séparatiste flamande) les Vrais Finlandais et le Parti populaire danois, deux formations de la droite extrême.