Tir de gaz lacrymogène par un policier près d’un journaliste sur les Champs-Elysées, à Paris, le 8 décembre 2018, lors d’une manifestation des « gilets jaunes ». / ALAIN JOCARD / AFP

Deux photographes du Parisien visés par des tirs de lanceurs de balles de défense, un photographe du Journal du dimanche hospitalisé après avoir été frappé par un CRS, une quinzaine de journalistes « mis en joue, pris pour cibles parfois intentionnellement, commotionnés ou molestés par les forces de l’ordre »… Quatre syndicats de journalistes ont déploré, lundi 10 décembre, les « nombreux blessés parmi les journalistes de terrain, reporters et photographes » qui couvraient les manifestations des « gilets jaunes » samedi.

Le SNJ, le SNJ-CGT, la CFDT-Journalistes et le SGJ-FO condamnent « les dérapages inadmissibles des forces de police, notamment à Paris » et exigent dans un communiqué commun « des explications de la préfecture de police, du ministère de l’intérieur et du gouvernement sur les consignes qui ont été données pour en arriver à cette situation ».

« Inacceptable dans un pays démocratique »

« Dès 8 heures du matin, samedi, de nombreux photographes de presse, clairement identifiés comme tels, se sont fait confisquer leur équipement de protection individuel, parfois sous la menace d’une garde à vue. Ce qui a eu pour effet d’empêcher certains reporters de faire leur travail », ont déploré ces organisations syndicales représentatives de la profession.

Les syndicats recommandent « à tous les reporters victimes d’agissements anormaux de déposer plainte et/ou d’effectuer les signalements nécessaires auprès de l’inspection générale de la police nationale ». « Face à cette situation inédite pour la profession, confrontée à une violence grandissante », les syndicats demandent au gouvernement de « prendre les mesures nécessaires » pour que ces événements ne se reproduisent pas et « à être reçus en urgence par le président de la République ».

« Il est totalement inacceptable, dans un pays démocratique et dans un état de droit, que les pouvoirs publics ne garantissent pas la liberté d’informer », déplorent-ils. Avec l’appui de la Fédération européenne des journalistes (FEJ) et de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), ils ont alerté une deuxième fois le Conseil de l’Europe de la situation, par la plate-forme de signalement consacrée à la sécurité des journalistes.