Père de deux enfants, Oleg Sentsov arrêté chez lui en mai 2014, a été condamné en août 2015 à 20 ans de prison pour « terrorisme » et « trafic d’armes », à l’issue d’un procès qualifié de « stalinien ». / STR / AP

Dans un texte lu lors de la remise par le Parlement européen du prix Sakharov pour la « liberté de pensée », mercredi 12 décembre, le cinéaste ukrainien emprisonné Oleg Sentsov a dit : « Ce qui importe ce n’est pas comment une personne a vécu, non pas comment on va mourir mais pour quelle cause. »

« Les contemporains ne sont pas toujours justes, mais l’histoire l’est, tout le monde trouve sa place et le nom qui est le leur », a poursuivi le cinéaste dans ce texte lu par sa cousine Natalia Kaplan dans l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg.

Dans ce message, il a rendu hommage à Andreï Sakharov, grande figure de la dissidence à l’époque de l’URSS, qui a donné son nom au prix décerné par le Parlement. « Que mon nom soit associé au sien est un honneur trop grand pour moi. (…) J’espère que (…) j’aurai encore le temps de faire quelque chose pour avoir le sentiment d’avoir mérité ce prix », a-t-il dit.

Détenu au-delà du cercle polaire arctique

Originaire de la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée par la Russie en 2014, Oleg Sentsov, 42 ans, est détenu dans la colonie pénitentiaire russe de Labytnangui, au-delà du cercle polaire arctique.

Père de deux enfants, le cinéaste, arrêté chez lui en mai 2014, a été condamné en août 2015 à vingt ans de prison pour « terrorisme » et « trafic d’armes », à l’issue d’un procès qualifié de « stalinien » par l’ONG Amnesty International. Pour obtenir la libération de tous les « prisonniers politiques » ukrainiens détenus en Russie, il avait entamé en mai une grève de la faim, qu’il a cessée au bout de cent quarante-cinq jours, début octobre, pour éviter, a-t-il dit, d’être nourri de force.

Conséquences de la grève de la faim

« Physiquement, il a l’air bien mieux, mais la grève de la faim n’a pas été sans conséquence. Il a maintenant de graves problèmes de rein, de foie et de cœur, (…) et personne n’est capable de dire s’il sera en mesure de se remettre complètement », a confié Natalia Kaplan. « Oleg est toujours retenu dans des conditions très difficiles, ce qui vous affecterait très sévèrement même sans grève de la faim », a-t-elle ajouté, estimant toutefois que, « psychologiquement, il est le même homme », continuant de travailler sur des scénarios et des livres.

Les deux autres finalistes pour le prix Sakharov étaient le militant marocain, également incarcéré, Nasser Zefzafi, et un groupe d’ONG qui portent secours aux migrants en Méditerranée.