L’avis du « Monde » – pourquoi pas

Deux jeunes gens, âgés de 20 ans, arrivent à Los Angeles, portés par leur légèreté, leur amour et le sentiment que tout peut y arriver. Confronté à une réalité plus difficile, le couple de tourtereaux va un peu déchanter, tout en se transformant le temps d’un été à l’issue duquel ils ne seront plus tout à fait les mêmes.

Nous les coyotes, d’Hanna Ladoul et de Marco La Via, révélé à Cannes dans la section ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), capte avec une certaine grâce ces moments suspendus où le changement opère par mouvements furtifs, sans que l’on y prenne garde. Comme si les réalisateurs avaient réussi à entrer dans le cocon où la chrysalide se prépare à devenir papillon. Ou comme s’ils guettaient sur l’horloge chaque poussée imperceptible de l’aiguille.

Caricatures de bourgeois

Sur les hauteurs des collines de Los Angeles, les coyotes ont l’habitude de rôder la nuit. Hanna Ladoul et Marco La Via ne confrontent pas leurs personnages, Amanda et Jake (interprétés avec délicatesse par Morgan Saylor et McCaul Lombardi), à des situations glauques ou catastrophiques. Simplement, la mégalopole de la Côte ouest n’est pas vraiment accueillante, ce qui n’est guère étonnant, et les membres de la famille qui devait les héberger se révèlent des caricatures de bourgeois méfiants et conservateurs.

Durant la première partie de ce film, les galères s’enchaînent de manière assez mécanique et linéaire

C’est un peu ce qui gêne durant la première partie de ce film : les galères s’enchaînent de manière assez mécanique et linéaire, comme dans un film « indépendant » américain qui voudrait dénoncer l’ultralibéralisme et la loi du plus fort. La location de voitures est une arnaque, et l’emploi prétendument de rêve qui attendait la jeune fille un job sous-payé pour jeune diplômée désemparée.

Mais Amanda a du caractère, s’avère moins tirée à quatre épingles qu’elle n’en a l’air. Quant à Jake, il n’est pas seulement un garçon cool aux cheveux longs que l’on imaginerait plagiste. C’est dans l’autre moitié du film que chacun des protagonistes, confronté à la réduction de la surface du rêve, et à des révélations plus intimes que nous réserve au compte-gouttes le scénario, va tenter de se redéfinir. En un mot, trouver sa marge de liberté.

« Nous les coyotes », film américain d’Hanna Ladoul et de Marco La Via. Avec Morgan Saylor, McCaul Lombardi, Betsy Brandt (1 h 27). Sur le Web : New-story.eu/films/nous-les-coyotes