Les forces de police dans les rues de Strasbourg, dans l’est de la France, après une fusillade, le 11 décembre. / FREDERICK FLORIN / AFP

Une fusillade a éclaté mardi 11 décembre dans la soirée sur le marché de Noël de Strasbourg. Un bilan provisoire fait état de deux morts et douze blessés. Les forces de l’ordre sont à la recherche du tireur en fuite, « identifié » par les autorités qui ont ouvert une enquête antiterroriste. Le président de la République Emmanuel Macron, a convoqué une réunion de crise d’une heure à au ministère de l’intérieur place Beauvau.

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  • Que s’est-il passé ?

L’attaque a été commise en plein centre-ville. D’après la préfecture du Bas-Rhin, « un individu armé est rentré dans le périmètre du marché de Noël par le pont du Corbeau en se dirigeant vers la rue des Orfèvres. L’individu a ouvert le feu, blessant plusieurs personnes. » Le tireur a pris la fuite. Selon nos informations, il y a eu au moins trois scènes de coups de feu.

La foule qui se pressait dans les rues les a quittées précipitamment. « On était place Kléber, il était environ 20 heures. J’ai entendu des coups de feu et il y a eu un affolement, on a couru dans tous les sens », explique Fatih, citée par l’Agence France-Presse (AFP). « On a entendu plusieurs coups de feu, trois peut-être, et on a vu plusieurs personnes courir. L’une d’elles est tombée, je ne sais pas si c’est parce qu’elle a trébuché ou parce qu’elle a été touchée. Les gens du bar ont crié ferme, ferme et le bar a été fermé », a raconté un témoin joint par l’AFP et confiné dans son appartement.

Des militaires en armes, des policiers et des véhicules de secours ont afflué vers le lieu de la fusillade. La « Grande Ile », le centre historique de Strasbourg, a été entièrement bouclé par les forces de l’ordre qui ont invité les passants à se mettre à l’abri.

« Fusillade dans le centre-ville de Strasbourg. Merci à tous de rester chez vous en attendant une clarification de la situation », a tweeté Alain Fontanel, premier adjoint au maire de la ville. « Evénement en cours à Strasbourg. Restez calmes et suivez les consignes qui seront diffusées » par les comptes officiels, a également tweeté la préfecture.

  • Quel bilan ?

L’événement est toujours en cours. Selon un point de situation diffusé par la préfecture du Bas-Rhin à 23 h 15, « le bilan provisoire fait état de quatorze victimes dont deux personnes décédées, six blessés graves et six blessés légers. »

« Les personnes présentes à Strasbourg, notamment dans le secteur du Neudorf et de la place de l’étoile, doivent rester confinées », ajoute la préfecture. Un point de regroupement des victimes est installé place Kléber. Une cellule d’information du public (CIP) est activée au numéro suivant (payant) : 0 811 000 667.

  • Que sait-on du suspect ?

Selon le ministre de l’intérieur Christophe Castaner, le tireur, en fuite, a été « identifié » et il est connu pour des faits de « droit commun ». D’après la préfecture du Bas-Rhin, il est « fiché S » – abréviation de « sûreté de l’État » – et activement recherché par les forces de l’ordre.

Selon nos informations, l’auteur est né en 1989 (29 ans) à Strasbourg et était suivi par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). L’arme utilisée est un pistolet automatique.

Selon nos informations, une perquisition a été faite mardi matin à son domicile dans le cadre d’une enquête pour des braquages et une tentative d’homicide. Le tireur présumé de Strasbourg était un objectif parmi d’autres. Certains individus ont pour leur part été interpellés dans le cadre de cette opération.

Mais comme l’auteur présumé de l’attaque de Strasbourg n’était pas chez lui ce matin, il n’a pas pu être interpellé. Cette opération s’est faite « en lien avec les autres services », précise au Monde une source proche du dossier – soit le renseignement territorial et la DGSI. Le jeune homme était en effet un « objectif » de la DGSI. Mais comme il s’agissait en l’espèce d’une affaire de droit commun, ce sont les gendarmes qui ont effectué l’opération.

  • L’enquête

Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « assassinats, tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle ». La section antiterroriste du parquet de Paris s’est saisie des faits commis mardi soir à Strasbourg. L’enquête confiée à la Sous-direction antiterroriste (SDAT), Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) Strasbourg et à la DGSI. Le procureur de Paris se transporte sur les lieux.

  • Cellule de crise place Beauvau, Castaner sur place

Après la fusillade de Strasbourg, Emmanuel Macron a présidé pendant plus d’une heure une réunion de crise au ministère de l’intérieur. Le président de la République a effectué « un point de situation », en présence du premier ministre Edouard Philippe, du secrétaire d’Etat à l’intérieur Laurent Nunez, d’Agnès Buzyn (ministre de la santé) et de Florence Parly (ministre de la défense). Etaient également présents une trentaine d’autres représentants du gouvernement et des différents services de sécurité.

Le ministre de l’intérieur Christophe Castaner a été en liaison avec la cellule de crise depuis Strasbourg, où il s’est rendu. Dans un tweet, M. Castaner indiquait que « nos services de sécurité et secours sont mobilisés. Ne propagez pas de rumeurs et suivez les conseils des autorités ».

  • Le contexte

Le traditionnel marché de Noël de Strasbourg avait fait l’objet d’un projet d’attentat en décembre 2000. Il est protégé en permanence par un important dispositif de surveillance.

En décembre 2016, le marché de Noël de Berlin avait été visé par un attentat au camion-bélier revendiqué par le groupe Etat islamique qui avait fait douze morts.

La fusillade sur le marché de Noël de Strasbourg intervient alors que la France vit sous une menace terroriste élevée depuis la vague d’attentats djihadistes sans précédent qui a fait 246 tués depuis 2015.

La France a été frappée deux fois cette année au cours d’attaques qui ont fait cinq morts. Le dernier a succombé à une attaque au couteau menée par Khamzat Azimov, assaillant de 20 ans abattu par la police, dans le quartier touristique de l’Opéra, à Paris, le 12 mai 2018. La précédente attaque s’était produite le 23 mars à Carcassonne et à Trèbes (Aude) : dans son périple meurtrier, Radouane Lakdim, un délinquant radicalisé de 25 ans, avait volé une voiture à Carcassonne dont il avait abattu le passager et blessé le conducteur par balles. Il avait ensuite tiré sur des policiers devant leur caserne avant d’entrer dans un supermarché à Trèbes où il avait tué un boucher, un client ainsi que le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame qui s’était offert comme otage à la place d’une femme.