Plusieurs centaines d’entreprises étaient en grève, des sites industriels bloqués et une partie des transports en commun affectés, vendredi 14 décembre en Belgique, en raison d’un mouvement de grève. Des barrages bloquants et filtrants ont été mis en place, principalement dans le Hainaut et à divers postes-frontières avec la France. Le mouvement touchait surtout des provinces de Wallonie, même si les transports en commun subissaient des perturbations en Flandre.

Les organisations syndicales, titillées par un mouvement de « gilets jaunes » qui s’est déclenché principalement en Wallonie, dans la foulée de ce qui se déroulait en France, veulent accroître la pression sur les patrons et le gouvernement fédéral, dirigé par le libéral Charles Michel. Puissantes, adeptes de la concertation mais voyant désormais une partie des revendications sociales leur échapper, les organisations syndicales évoquent de nouveaux modes d’action, plus durs, face à un pouvoir qui oppose à leurs demandes son programme de réformes, qui, affirme-t-il, a créé des dizaines de milliers d’emplois.

Les syndicats protestent – en vain depuis quatre ans – contre une série de mesures gouvernementales, dont une réforme des retraites, et réclament une prise en compte des questions de pouvoir d’achat. Ils souhaitent mobiliser alors que doivent commencer prochainement des discussions sur un accord interprofessionnel. Celles-ci doivent fixer une norme salariale pour deux ans.

Hausse des taxes sur le carburant suspendue

Jusqu’ici, le gouvernement n’a fait que suspendre une augmentation des taxes sur le carburant, prévue pour janvier, et affirme vouloir déposer des propositions sur le pouvoir d’achat dans les semaines à venir. Cette tentative, destinée notamment à amadouer l’opposition socialiste, se heurte toutefois au fait que la coalition au pouvoir est affaiblie par le départ des nationalistes flamands de la N-VA (Nieuw-Vlaamse Alliant, Nouvelle Alliance flamande, en français), sa principale composante. Le parti d’extrême droite ne semble pas prêt à faire de cadeau à M. Michel, il pourrait même précipiter sa chute dans les prochains jours en votant une motion de défiance ou en refusant le projet de budget fédéral.

Même s’il ne présentait pas sa démission, M. Michel ne serait plus en mesure de prendre des décisions censées infléchir sa politique dans un sens plus social : réduit à une gestion des affaires courantes, il ne pourrait que préparer les élections, prévues pour le 26 mai.

Vendredi, des délégués des trois grands syndicats (chrétien, libéral et socialiste) ont notamment manifesté devant la Fédération des entreprises de Belgique, où une délégation a été reçue. Aucune avancée n’a été enregistrée, mais le patronat s’est montré « à l’écoute », communiquaient les syndicalistes.

Ceux-ci tentent aussi de fédérer les revendications de leurs affiliés et celles des « gilets jaunes », sans véritables attaches politiques, parfois tentés par les extrêmes ou la violence. Les manifestants qui bloquent encore quelques carrefours ou les routes menant aux grandes surfaces semblent toutefois douter, comme en France, de la capacité des organisations syndicales à écouter leurs revendications – par ailleurs assez flou – d’exigences.