Michel Houellebecq soigne sa rentrée. Livre événement de la rentrée littéraire d’hiver, le prochain roman de Michel Houellebecq a pour titre Sérotonine (un « neurotransmetteur associé à l’état de bonheur »). Le livre de 347 pages doit paraître le 4 janvier, quatre ans après Soumission. En attendant, l’écrivain, qui n’est pas à une provocation près, affirme dans le magazine américain Harper’s : « Donald Trump est un des meilleurs présidents américains que j’aie jamais vu. »

L’écrivain français habitué à cultiver la controverse estime que la politique du milliardaire a notamment pour mérite de confirmer la fin de l’impérialisme américain. Pour lui, la politique de désengagement international engagée par Barack Obama et amplifiée par Donald Trump est « une très bonne nouvelle pour le reste du monde ».

Fin de l’impérialisme américain

« Les Américains nous lâchent la grappe. Ils nous laissent exister », écrit Houellebecq dans cet article, où il se félicite aussi que les Etats-Unis aient cessé de « répandre » à l’étranger leurs valeurs selon lui contestables comme la démocratie ou la liberté de la presse.

En matière de commerce international, « Trump apporte une saine dose d’air frais », estime encore le Prix Goncourt 2010. Donald Trump ne considère pas le libre-échange mondialisé comme étant en soi la panacée du progrès humain, « il déchire les traités et les accords quand il pense qu’il ne fallait pas les signer, et il a raison ».

Selon lui, le milliardaire républicain « a été élu pour défendre les intérêts des travailleurs américains, et il défend les intérêts des travailleurs américains. On aurait voulu voir ce genre d’attitude en France plus souvent au cours des 50 dernières années. » L’écrivain français parmi les plus connus à l’étranger est aussi en phase avec l’hostilité de Trump envers l’Union européenne et son parti pris pour le Brexit : les Européens n’ont « ni valeurs communes, ni intérêts communs », « l’Europe n’existe pas », « c’est une idée stupide qui a tourné au cauchemar ».

Houellebecq se dit nationaliste

Et si Trump se proclame « nationaliste », au grand dam des démocrates qui y voient des relents d’extrême droite, Michel Houellebecq aussi s’identifie à ce vocable. « Les nationalistes peuvent se parler tandis que, bizarrement, cela ne réussit pas trop aux internationalistes », dit-il.

« Avec un programme équivalent, un conservateur authentiquement chrétien une personne honorable et morale aurait été mieux pour l’Amérique », fait-il valoir. En attendant, lance-t-il aux Américains anti-Trump, « autant vous habituer à l’idée : en dernière analyse, peut-être que Trump aura été une épreuve nécessaire pour vous ». L’écrivain écrit néanmoins que « sur un plan personnel, [Trump] est bien sûr assez repoussant », notamment pour « s’être moqué des handicapés » lors d’un meeting électoral fin 2015.