Cette fois, c’est officiel : les deux hauts-fourneaux de Florange (Moselle), placés « sous cocon » depuis 2013 en vue d’un hypothétique redémarrage, ne seront jamais rallumés. Leur propriétaire, ArcelorMittal, compte au contraire démanteler ces installations anciennes, dont l’avenir avait été au centre d’un bras-de-fer politique en 2012, à l’époque où Arnaud Montebourg était ministre du redressement productif et prônait la nationalisation de ce site.

Le groupe contrôlé par la famille Mittal a informé les représentants du personnel de sa décision lundi 17 décembre, lors d’un comité central d’entreprise extraordinaire.

Fin 2012, après avoir renoncé à nationaliser Florange, le premier ministre Jean-Marc Ayrault avait signé un accord dans lequel ArcelorMittal s’engageait à réaliser plusieurs investissements sur le site et à « ne pas démonter » les hauts-fourneaux durant six ans. A l’issue ce délai, échu le 30 novembre, ArcelorMittal devait évaluer « la possibilité de redémarrer » ces installations, « soit en cas de retour du marché, soit en cas de projet de nouvelle technologie », indiquait l’accord.

« Aucune logique économique rationnelle et pérenne »

Le résultat de cette analyse, rendu public lundi, est conforme à ce que les dirigeants du groupe laissaient entendre depuis des semaines : il n’est pas question de relancer la production d’acier liquide sur le site de Florange. Une telle remise en route coûterait près de 600 millions d’euros pour les deux hauts-fourneaux. Elle « ne répondrait à aucune logique économique rationnelle et pérenne, estime la direction d’ArcelorMittal, qui en a convaincu la plupart des organisations syndicales. Un redémarrage des hauts-fourneaux ne serait en aucun cas compétitif et grèverait même la compétitivité du reste du site, ainsi que celle de l’ensemble de la filière aval de l’entreprise. »

Le groupe sidérurgique prévoit désormais « un arrêt de la mise sous cocon » et « la déconstruction » des deux cathédrales d’acier. Objectif : « rendre disponibles au plus vite les terrains », pour que d’autres sociétés puissent y implanter de nouvelles activités.

ArcelorMittal n’abandonne pas pour autant Florange, sa troisième plus grande usine en France, désormais entièrement consacrée à la transformation de l’acier, surtout pour l’automobile. Sur ce site où travaillent encore 2 300 personnes, l’entreprise annonce même un nouvel investissement de 22 millions d’euros. Il vise à agrandir la deuxième ligne de galvanisation, qui démarrera fin 2019. Sa capacité passera ainsi de 600 000 tonnes par an à 800 000 tonnes par an. De quoi parachever la « transformation industrielle réussie » d’un site hautement symbolique, selon Eric Niedziela, vice-président d’ArcelorMittal.