Les autorités de Kuala Lumpur ont déposé plainte contre la banque américaine Goldman Sachs et deux de ses employés, lundi 17 décembre, dans le cadre d’un immense scandale de corruption.

Ces poursuites concernent des filiales de la banque d’affaires ainsi que les anciens employés Tim Leissner et Ng Chong Hwa, a déclaré dans un communiqué Tommy Thomas, l’attorney general de Malaisie, le principal conseil juridique du gouvernement.

La justice qui enquête sur l’affaire 1Malaysia Development Bhd (1MDB), du nom du fonds souverain censé financer la modernisation de la Malaisie, a mis au jour des détournements présumés de milliards de dollars par l’ancien premier ministre Najib Razak et ses alliés.

Des milliards de dollars détournés

Lancé en 2009 et financé par des recettes pétrolières, le fonds 1MDB s’est retrouvé au bord de la faillite après avoir réalisé de mauvais investissements et fraudé. La révélation du pillage du fonds souverain avait joué un rôle énorme dans la défaite électorale de Najib Razak en mai. L’ex-premier ministre, son épouse et des proches ont été inculpés.

Low Taek Jho, un financier malaisien en fuite soupçonné d’avoir joué un rôle central dans le détournement de ces sommes, confident de l’ex-premier ministre, fait également l’objet de nouveaux chefs d’accusation dans le cadre du scandale.

Goldman Sachs avait réalisé trois émissions obligataires pour le compte de 1MDB pour un total de 6,5 milliards de dollars, en 2012 et 2013, recevant pour ses services 600 millions de dollars. D’après M. Thomas, 2,7 milliards de dollars ont été détournés à cette occasion.

MM. Leissner et Ng sont accusés d’avoir conspiré avec Low Taek Jho et d’autres pour acheter des responsables malaisiens et s’assurer que la banque américaine serait choisie pour réaliser les émissions obligataires.

Les honoraires versés à Goldman Sachs étaient « considérablement plus élevés » que les taux de rémunération habituellement pratiqués :

« La banque s’est présentée comme un conseiller-organisateur mondial de premier plan en matière d’obligations et doit observer les standards les plus élevés. Ils ne sont pas à la hauteur de ces standards ».

L’affaire, révélée en 2016 par le Wall Street Journal, avait déjà incité le ministère de la justice américain à engager des poursuites contre trois cadres de la banque d’affaires en novembre dernier, une première depuis la grande crise financière de 2008.