Le pape François lors de la prière de l’Angelus, sur la place Saint-Pierre, au Vatican, le 16 décembre. / Gregorio Borgia / AP

Cardinaux et évêques romains avaient eu droit à un sévère inventaire des « quinze maladies » de la curie par le pape François à Noël 2014. Pour Noël 2018, c’est aux dirigeants politiques de se voir reprocher leurs « vices » par le chef de l’Eglise catholique.

Dans un message pour la 52e Journée mondiale de la paix, célébrée le 1er  janvier 2019, rendu public par le Vatican mardi 18 décembre, le pontife argentin aborde toutes les composantes de la crise politique que connaissent de nombreux pays européens et d’autres au-delà du Vieux Continent, confrontés à une montée des populismes. Il affirme en particulier que « les discours politiques qui tendent à accuser les migrants de tous les maux et à priver les pauvres de l’espérance ne sont pas justifiables ».

Le message est titré : « La bonne politique est au service de la paix ». Pour mieux la définir, il énumère « les vices de la politique », lesquels « affaiblissent l’idéal d’une authentique démocratie, sont la honte de la vie publique et mettent en danger la paix sociale ». Sont cités la corruption :

« la négation du droit, le non-respect des règles communautaires, l’enrichissement illégal, la justification du pouvoir par la force ou par le prétexte arbitraire de la raison d’Etat, la tendance à s’accrocher au pouvoir, la xénophobie et le racisme, le refus de prendre soin de la terre, l’exploitation illimitée des ressources naturelles en raison du profit immédiat, le mépris de ceux qui ont été contraints à l’exil ».

Reprise des grands thèmes du pontificat

Ce texte au vitriol défend la politique comme « moyen fondamental pour promouvoir la citoyenneté et les projets de l’homme », mais il met surtout en lumière les facteurs qui, aujourd’hui, peuvent en faire « un instrument d’oppression, de marginalisation, voire de destruction ». Il reprend les grands thèmes du pontificat que sont la défense des migrants, de la planète, le partage des richesses, la place des jeunes dans la société et l’économie, la dénonciation des ventes d’armes :

« Nous vivons ces temps-ci dans un climat de méfiance qui s’enracine dans la peur de l’autre ou de l’étranger, dans l’angoisse de perdre ses propres avantages, et qui se manifeste malheureusement aussi, au niveau politique, par des attitudes de fermeture ou des nationalismes qui remettent en cause cette fraternité dont notre monde globalisé a tant besoin ».

Le pape François inscrit son texte dans la célébration du soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il met à nouveau fortement l’accent sur la menace pour la paix que constituent à ses yeux non seulement les ventes d’armes, mais aussi les stratégies fondées sur la seule dissuasion militaire :

« La paix ne peut jamais être réduite au seul équilibre des forces de la peur (…). L’escalade en termes d’intimidation et la prolifération incontrôlée des armes sont contraires à la morale ainsi qu’à la recherche d’une vraie concorde. La terreur exercée sur les personnes les plus vulnérables contribue à l’exil d’entières populations en quête d’une terre de paix. »