Le premier ministre belge, Charles Michel, à Bruxelles le 14 décembre. / EMMANUEL DUNAND / AFP

Le premier ministre belge, Charles Michel, a annoncé, mardi 18 décembre, la démission de son gouvernement de centre droit. Cette démission intervient neuf jours après le départ des ministres nationalistes flamands, qui s’opposaient à ce que la Belgique soutienne le pacte mondial pour les migrations des Nations unies.

M. Michel en a fait l’annonce à l’issue d’un débat au Parlement belge au cours duquel il avait appelé l’opposition à le soutenir au coup par coup, sur plusieurs thèmes clés, pour permettre au gouvernement de continuer à travailler. Un appel qui « n’a pas été entendu », a déploré le premier ministre à l’issue d’une suspension de séance, tandis que socialistes et écologistes annonçaient le dépôt d’une motion visant à le renverser.

« Je prends donc la décision de présenter ma démission et mon intention est de me rendre chez le roi immédiatement », a annoncé ce libéral francophone, qui dirigeait le gouvernement depuis octobre 2014. Le premier ministre démissionnaire doit maintenant être reçu par le roi Philippe au château de Laeken. « Aujourd’hui le premier ministre a tiré les leçons, le bilan de quatre années et demie d’erreurs, a commenté mardi soir le député Jean-Marc Nollet, coprésident du parti Ecolo. La page de ce gouvernement doit être tournée. »

Crise politique autour du pacte de Marrakech

Depuis le 9 décembre, date du départ des ministres nationalistes flamands de l’Alliance néoflamande (N-VA), Charles Michel était à la tête d’un gouvernement privé de majorité à la Chambre des députés. La N-VA, dirigée par le maire d’Anvers, Bart De Wever, avait posé certaines conditions pour continuer à soutenir le gouvernement « Michel II » et à voter notamment le projet de budget 2019. Mais ces conditions, parmi lesquelles la possibilité de rouvrir des discussions constitutionnelles, ont été jugées inacceptables par le premier ministre. « J’ai constaté qu’il y avait des conditions nouvelles qui menaçaient de lancer le pays dans une fuite en avant confédérale et des élections anticipées. Nous n’avons pas accepté ces conditions. Le trait est tiré », a-t-il lancé mardi après-midi devant les députés.

La N-VA, la première force politique à la Chambre avec 31 députés sur un total de 150, avait retiré son soutien à la coalition à la veille du déplacement de Charles Michel pour approuver le pacte sur les migrations au nom de la Belgique, le 10 décembre à Marrakech. Malgré son caractère non contraignant, ce texte était refusé par les nationalistes flamands, estimant qu’il ouvre la voie à des pertes de souveraineté des Etats signataires pour définir leur politique migratoire.

Cela faisait une semaine que plusieurs partis d’opposition exigeaient de Charles Michel qu’il organise un vote de confiance pour juger de la capacité du gouvernement à poursuivre son travail jusqu’aux législatives de fin mai. Celui-ci s’y était refusé.