La journée s’annonce chargée à l’Elysée. Décidé à aller vite, Emmanuel Macron, plombé dans les sondages, va trancher, mardi 18 décembre, sur les contours de la « grande concertation nationale » qu’il a promise aux « gilets jaunes » pour sortir de la crise en tenant compte de leurs aspirations.

Le chef de l’Etat et plusieurs membres du gouvernement se réunissent à 18 heures, dont Edouard Philippe, afin de « finaliser et clarifier » les règles de ce débat national avant de les annoncer au conseil des ministres de mercredi. ll y sera notamment question du référendum d’initiative citoyenne (RIC), une revendication apparue sur les ronds-points et dans les cortèges des « gilets jaunes ».

Attendu initialement mardi à Biarritz pour lancer la présidence française du G7 qui se tiendra fin août dans la ville et prononcer un discours sur les priorités diplomatiques de la France pour 2019, le président de la République a annulé ce déplacement pour cause de « grand débat national ».

Les détails de la « grande concertation » restent, pour le moment, flous. Annoncée par Emmanuel Macron dans son allocution du 10 décembre, au surlendemain d’un nouveau samedi de mobilisation des « gilets jaunes », marqué par des violences, elle doit se tenir jusqu’au 1er mars dans toute la France. Ce débat doit s’appuyer fortement sur les maires, présentés par le pouvoir comme les élus les plus proches des aspirations des Français, et se décliner en nombreux rendez-vous locaux.

Le RIC, une revendication-phare

Quatre grands thèmes – transition écologique, fiscalité, organisation de l’Etat et démocratie et citoyenneté – ont été fixés pour les discussions, qui devraient peu porter sur l’immigration. Mais une revendication a nettement monté ces derniers jours chez les « gilets jaunes » : le référendum d’initiative citoyenne (RIC) ou populaire. Edouard Philippe s’y est déclaré favorable sur le principe mais « pas dans n’importe quelles conditions ».

A l’Elysée, Emmanuel Macron réunira aussi à 16 heures « l’ensemble des mutuelles et assureurs privés » pour les mobiliser en faveur du pouvoir d’achat. Il s’agit de la troisième réunion de ce genre après celles avec les banques, le 11 décembre, et avec les entreprises le lendemain. Le gouvernement leur demande « un effort spécifique » en complément des mesures qu’il met en œuvre pour tenter de calmer la plus grave crise sociale depuis le début du quinquennat.

Ce plan, qui comprend un gain de 100 euros net pour les salariés proches du smic, les heures supplémentaires défiscalisées ou l’exemption de hausse de CSG pour certains retraités, va coûter, selon Matignon, 10,3 milliards d’euros, gel de la taxe carbone compris. Il creusera encore le déficit, qui devrait atteindre 3,2 % du PIB en 2019.

Ces mesures doivent être présentées en projet de loi mercredi en conseil des ministres, avant de passer à l’Assemblée nationale jeudi et au Sénat vendredi. Avec l’objectif qu’elles puissent être applicables au 1er janvier. Pour répondre à cette urgence, les assemblées et le gouvernement cherchent à accélérer le travail parlementaire afin d’éviter de siéger durant la trêve de Noël. « Nous sommes dans une situation inédite » et « ça s’entrechoque », a résumé le président de la commission des finances, Eric Woerth (LR).

Plusieurs ronds-points évacués

Sur le terrain, plusieurs ronds-points occupés par des « gilets jaunes » ont commencé lundi à être évacués, et cela va se « poursuivre », a affirmé le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. Plusieurs « baraquements illégalement installés » en Saône-et-Loire, à Mâcon, Montchanin, Dracy-Saint-Loup et Montceau-les-Mines, ont été démantelés dans la nuit de lundi à mardi par sécurité, a annoncé la préfecture qui dénonce au passage un incendie volontaire à Mâcon.

Mais ces menaces d’évacuation ne font pas plier certains protestataires, à l’image de ceux d’un rond-point du nord de Bordeaux, bien décidés à rester sur place. « On passe Noël ici ! », a annoncé un des leurs.

Après un mois de crise, Emmanuel Macron poursuit sa descente quasi ininterrompue dans les enquêtes d’opinion : 73 % (+ 5) des Français interrogés portent, désormais, un jugement négatif sur son action, selon un sondage Odoxa publié mardi pour France Inter, L’Express et la presse régionale. Edouard Philippe perd également cinq points (à 31 %) tandis que Marine Le Pen est la principale bénéficiaire en gagnant six points (à 29 %).