Imelda Cortez (au centre) réagit à son acquittement pour tentative d’avortement, le 17 décembre à Usulutan, au Salvador. / JOSE CABEZAS / Reuters

Une femme de 20 ans, jugée pour tentative d’homicide après une tentative d’avortement supposée, a été acquittée lundi 17 décembre au Salvador, un des pays où la législation anti-IVG est l’une des plus strictes au monde. « Les juges du tribunal d’Usulutan (sud-est) acquittent Imelda Cortez. Liberté », a réagi sur Twitter Bertha Maria Deleon, l’avocate de la jeune femme, tombée enceinte après avoir été violée par son beau-père et qui se trouvait en détention provisoire depuis 20 mois. Imelda Cortez est « libre », a confirmé à l’AFP un porte-parole de l’ONG de défense des femmes La Casa de Todas.

Selon l’accusation, la jeune femme a été hospitalisée le 17 avril 2017 pour une hémorragie. Le médecin qui l’examine alors diagnostique un avortement illégal, le placenta ayant été retiré. De son côté, Imelda Cortez explique avoir « senti quelque chose sortir quand elle était aux toilettes ».

Pas de preuve

Après le signalement de l’hôpital, les forces de l’ordre inspectent la fosse septique au domicile de la jeune femme, dans la commune rurale d’El Parais, où ils entendent des pleurs et trouvent un nouveau-né « plein de selles et d’une poudre blanche ». Le bébé, une petite fille née prématurée, est transporté à l’hôpital et survit. Selon l’acte d’accusation, Imelda Cortez, qui a d’abord nié avoir donné naissance à un bébé, a jeté le nouveau-né dans la fosse sceptique, ce qui « constitue une tentative d’homicide ».

Le procès, qui était prévu pour durer jusqu’à jeudi, a pris lundi un tour inattendu : le parquet a demandé au tribunal de requalifier les faits en « abandon de personne vulnérable » et requis un an de prison ferme. « Le juge a alors estimé qu’il n’y avait pas de preuves de commission d’un crime par Imelda » et, comme elle était déjà en détention provisoire depuis un an et huit mois, il l’a remise en liberté, a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’ONG pro-avortement ACDATE, Jorge Menjivar.

L’avortement, un homicide aggravé

« Liberté pour Imelda ! », scandaient des membres d’associations féministes à l’extérieur du tribunal pendant le procès.

Au cours des derniers mois, deux cas récents, ceux de Teodora Vasquez et Maira Figueroa, ont reçu un écho international : elles ont chacune passé une dizaine d’années en prison pour une fausse couche, considérée par la justice comme un homicide. Les deux ont été libérées après que leur peine de 30 ans de réclusion eut été commuée.

Au Salvador, le code pénal prévoit de deux à huit ans de prison en cas d’avortement mais, dans les faits, les juges considèrent toute perte du bébé, qu’elle soit volontaire ou accidentelle, comme un « homicide aggravé », puni de 30 à 50 ans de réclusion.