Manifestation devant un centre logistique d’Amazon, en Allemagne. / PETER ENDIG / AFP

Il se passe décidément quelque chose autour d’Amazon, le numéro un mondial de la vente en ligne. Et pas seulement l’installation de ses deux nouveaux sièges à New York et Washington, ou la volonté d’adopter une taxe au niveau européen sur les géants du numérique, les fameux GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon).

Le groupe de Jeff Bezos est pointé du doigt dans une série d’articles intitulée « Amazon Diaries » (le journal d’Amazon) publiés sur le site du quotidien britannique The Guardian. Ils mettent en lumière les conditions de travail dans les centres logistiques, notamment lors de la période des fêtes de fin d’année.

L’article du 19 décembre est intitulé « Comment les courses de Noël conduisent les salariés d’Amazon à l’épuisement ». Il décrit la peak season (« saison du pic d’activité »), qui démarre lors du « Black Friday » (le 23 novembre, cette année) et se termine avec les fêtes de fin d’année, marquées par le « Peak Fest » (« la fête du pic d’activité »).

Frénésie dans les centres logistiques

Le Guardian décrit la frénésie d’activité s’emparant des centres logistiques d’Amazon. Pendant cette période de six semaines, le nombre de colis est tel que les salariés à temps plein font des « heures supplémentaires obligatoires », travaillant près de douze heures par jour, soixante heures par semaine. Dans le même temps, les salariés à temps partiel sont incités à effectuer « autant de services que possible ».

Les effectifs sont aussi renforcés par des travailleurs saisonniers qui sont moins payés, ne bénéficient d’aucun avantage et sont sur des horaires contraints qui les obligeront à travailler pendant toutes les vacances.

Des posters flatteurs sont accrochés dans l’entrepôt, montrant un membre du personnel tenant son scanner, avec des slogans tels que « Soyez un pro du pic d’activité ». Chacun est encouragé à publier des photos de « l’événement » sur la page Instagram de l’entreprise.

Les cadres motivent les salariés à coups de slogans, comme « on va dégommer » le record d’envois en une journée, avec la perspective de gagner un Kindle ou une enceinte sans fil Echo Dot, alors que certains préféreraient toucher de l’argent. Mais, assez rapidement, l’excitation retombe et les salariés sont exténués, comptant le nombre de jours avant la fin du pic d’activité.

Grèves en Espagne, Allemagne et Angleterre

C’est contre ces cadences infernales que des salariés d’Amazon en Espagne, en Allemagne et en Grande-Bretagne se sont mis en grève lors des supersoldes du « Black Friday », pour exiger de meilleures conditions de travail. Les employés, dont beaucoup étaient appelés à suivre le hashtag #amazonwearenotrobots (« Amazon, nous ne sommes pas des robots »), avaient déjà mené une action d’envergure en juillet pendant une opération promotionnelle d’Amazon, baptisée « Prime Day ».

Le leader mondial de la vente en ligne minimise l’ampleur du mouvement et défend sa politique sociale, affirmant avoir créé au Royaume-Uni plus de vingt-cinq mille emplois bien payés et se présentant en Allemagne comme « un employeur aussi fiable que bon ».