Des policiers dans les écoles ? A Nice, la mesure, proposée par la municipalité en réponse à la menace terroriste, a du mal à passer. Sur les 154 écoles primaires de la ville, seules 18 ont accepté cette proposition, selon un chiffre communiqué par la mairie à l’Agence France-Presse.

Présentée comme « plus que jamais nécessaire » par le maire Les Républicains (LR), Christian Estrosi, qui voulait initialement que le policer soit armé, la mesure a été mise à l’ordre du jour de tous les conseils d’école depuis la rentrée : la grande majorité des établissements se sont prononcés (141 écoles). Restait, vendredi 21 décembre, veille des vacances de Noël, 13 retardataires.

La plupart des écoles ont refusé la présence continue d’un policier municipal non armé à l’intérieur de leur établissement. L’unanimité des parents élus et des enseignants siégeant dans ces conseils était requise pour qu’il n’y ait pas de polémiques, mais un consensus dans les établissements.

« Surenchère sécuritaire »

La mairie a estimé que 18 écoles favorables étaient un chiffre « significatif et important quand on considère qu’il y avait des oppositions de principe de certaines fédérations de parents d’élèves ». « C’est plutôt un gros flop », a réagi de son côté la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), principale fédération de parents du public, qui avait dénoncé une mesure « inutile et coûteuse » et la « surenchère sécuritaire » du maire, aux côtés du Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC-Fédération syndicale unitaire (SNUipp-FSU), de la Confédération générale du travail (CGT-Education) et du Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM).

« Ce n’est pas d’un policier dont on a besoin, mais d’infirmières, d’intervenants en langues, en arts, d’animateurs supplémentaires sur les temps de cantine », assure Céline Vaillant, présidente départementale de la FCPE. « Les missions du policier sont orientées vers la sécurisation de l’école et le contrôle des adultes y pénétrant, pas des enfants. C’est donc plutôt positif. Si les conseils d’école avaient été mieux informés, ça aurait eu plus de succès », regrette de son côté son homologue de la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public (PEEP), autre fédération de parents d’élèves, Patrick Daudé.

A la suite de l’attentat du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, le maire de Nice avait lancé un vaste plan pour lutter contre la menace terroriste. Parmi les mesures phares, le renforcement de la vidéosurveillance, notamment devant les écoles, ainsi que l’expérimentation des policiers dans les enceintes scolaires. Une première en France.

Menace terroriste

Le dispositif, annoncé en janvier, a été testé dans trois écoles entre avril et juin. M. Estrosi s’était félicité du bilan de ces premiers mois d’expérimentation, rapportant que la présence des policiers faisait l’unanimité parmi les enfants, le personnel et les parents, et que les trois groupes qui avaient déjà un policier dans leurs murs avaient demandé à le conserver. Pour l’année scolaire 2018-2019, le maire avait annoncé qu’il mettrait à disposition un fonctionnaire de police dans tous les groupes scolaires qui en feraient la demande.

Initialement, M. Estrosi souhaitait que les policiers puissent conserver leur arme de service dans l’école, mais l’accord de l’éducation nationale n’est pas venu. Finalement, ce sont des agents de surveillance de la voie publique, non armés, qui seront affectés aux 18 nouvelles écoles volontaires.

Un policier à l’école, Christophe Castaner ne l’a pas exclu. Cette présence pourrait être décidée « à des moments de tension particulière dans la journée » et « évidemment avec l’accord du chef d’établissement », avait déclaré, en octobre, le ministre de l’intérieur après la publication d’une vidéo montrant un élève menaçant son enseignante avec un pistolet factice dans un lycée de Créteil (Val-de-Marne).