Le président américain Donald Trump et l’ancien secrétaire à la défense, James Mattis, à Washington, en octobre. / CHIP SOMODEVILLA / AFP

Au lendemain de l’annonce de Donald Trump du retrait des quelque 2 000 soldats stationnés dans le nord-est de la Syrie, les médias de la droite américaine apportent un soutien discret mais ferme au président des Etats-Unis. Habituellement prompts à soutenir les décisions controversées du chef de l’Etat, les titres les plus conservateurs adoptent, depuis le 19 décembre, un ton plus modéré devant le déluge de critiques internationales et le scepticisme exprimé par de nombreux cadres du Parti républicain – le sénateur Lindsey Graham est allé jusqu’à qualifier d’erreur « à la Obama » la décision du président d’arrêter la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie au sein de la coalition internationale.

« La stabilisation de la situation n’a jamais été l’objectif de Trump », Christian Whiton, ancien conseiller de George W. Bush et de Donald Trump

La démission du secrétaire à la défense, James Mattis, partisan d’un maintien des troupes sur place, et le probable retrait de la moitié du contingent d’Afghanistan, ont soulevé, jeudi 20 décembre, de nouvelles protestations dans l’entourage politique de Donald Trump, tout en montrant l’inflexibilité du président américain sur cette question. Une détermination soulignée par de nombreux éditorialistes : « La stabilisation de la situation n’a jamais été l’objectif de Trump », soutient Christian Whiton, ancien conseiller de George W. Bush et de Donald Trump, qui approuve, dans une tribune publiée sur le site de la chaîne conservatrice Fox News, la volonté du président de ne pas intervenir au Moyen-Orient pour « reconstruire des Etats » après les combats. « Nous ne sommes pas là pour recréer une nation » au-delà de la lutte contre l’Etat islamique, revendique aussi l’éditorialiste conservateur Eric Bolling sur The Blaze en lançant un « Bravo ! » à Donald Trump pour sa décision de quitter la Syrie.

Crainte d’un nouvel enlisement

L’annonce du retrait « promet un débat national sur ce que signifie pour les Etats-Unis de sortir de ces guerres du Moyen-Orient, débat que nous n’avons pas eu depuis quinze ans et notre défaite en tentant d’envahir l’Irak pour la première fois », envisage, de son côté, l’ancien candidat à l’investiture républicaine Patrick J. Buchanan sur le site WND. La crainte d’un nouvel « enlisement » de l’armée américaine au Moyen-Orient rythme les arguments des soutiens de Donald Trump, pour qui la « victoire » territoriale sur les djihadistes, revendiquée par le président américain, justifie un départ des soldats malgré ses lourdes conséquences géopolitiques.

« Notre combat n’est pas de défendre Israël, notre combat n’est pas de défendre les Kurdes qui combattent l’EI en Syrie, notre combat n’est pas de prévenir toute ingérence iranienne dans la région », assène aussi Jake Lloyd sur le site conspirationniste Infowars, proche de l’« alt-right » américaine. Fondé par Steve Bannon, ancien conseiller spécial de Donald Trump, le site Breitbart est, lui, beaucoup plus emprunté dans ses commentaires : « Sortir de Syrie, en l’absence d’informations sur ce que Trump peut obtenir en retour de la Turquie et de la Russie, est probablement un mauvais choix, souligne Joel B. Pollak. Mais cela n’est pas forcément un désastre. »

La journaliste Caroline Glick s’engage sur le même site dans une liste des « pour et contre » la décision de Donald Trump, notant qu’en cas de conflit important entre Israël et l’Iran en Syrie, « les seuls 2 000 soldats sur place n’auraient pas été suffisant pour contribuer réellement » à la victoire des alliés israéliens. « Au contraire, leur présence dans un conflit aurait pu mettre Trump sous pression d’un déploiement beaucoup plus important en Syrie », souligne-t-elle.

La pression médiatique sur le président républicain s’est rapidement détournée, vendredi 21 décembre, vers la Chambre des représentants et le Sénat, où le vote sur le budget pourrait aboutir à un « shutdown » (arrêt de certains services de l’Etat et de l’administration) dû au refus démocrate de voter le financement de la frontière voulue par Donald Trump entre les Etats-Unis et le Mexique. « Les Américains sont fatigués de se battre et de mourir dans des pays qui ne sont pas reconnaissants, lance Ezra Levant, sur le site canadien d’extrême droite The Rebel. Il est temps de ramener les troupes à la maison. Il y a une frontière à protéger aux Etats-Unis, et Trump échoue à le faire. »