Le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) a décidé vendredi 21 décembre à l’unanimité d’envoyer des observateurs civils au Yémen pour notamment sécuriser le fonctionnement du port stratégique d’Hodeïda et superviser l’évacuation des combattants de cette ville.

Une résolution rédigée par le Royaume-Uni, adoptée par les 15 membres du Conseil, entérine également les acquis obtenus lors des récentes consultations inter-yéménites tenues en Suède. Le texte, amendé à plusieurs reprises cette semaine à la demande des Etats-Unis, de la Russie ou du Koweït, « insiste sur le plein respect par toutes les parties du cessez-le-feu décrété pour la province d’Hodeïda ».

Il autorise l’ONU « à établir et à déployer, pour une période initiale de trente jours à compter de l’adoption de la résolution, une avant-garde pour commencer un travail d’observation », sous la direction du général néerlandais à la retraite Patrick Cammaert. Cet ex-officier, qui a effectué plusieurs missions dans le monde pour l’organisation comme casque bleu, est attendu vendredi à Amman, avant de se rendre à Sanaa et à Hodeïda à des dates non précisées.

Entre 30 et 40 observateurs dans la région d’Hodeïda

Des diplomates ont évoqué le déploiement à Hodeïda et ses environs de 30 à 40 observateurs – des civils ayant des expériences militaires – pour garantir l’arrêt des hostilités et sécuriser l’acheminement de l’aide humanitaire. Des membres de l’avant-garde sont déjà en route pour la région, a précisé vendredi l’ONU.

Les consultations inter-yéménites en Suède ont notamment permis d’aboutir à un cessez-le-feu à Hodeïda, entré en vigueur mardi, et à la décision d’un retrait des combattants de cette ville et de son port, crucial pour l’acheminement de l’aide humanitaire. Les deux parties, rebelles houthistes et forces gouvernementales soutenues par la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite, avaient donné en Suède leur accord pour que l’ONU supervise les activités du port d’Hodeïda. Cette ville portuaire par où transite la majeure partie de l’aide humanitaire destinée au Yémen est un enjeu stratégique dans la guerre opposant depuis 2015 les houthistes, appuyés par l’Iran, aux forces progouvernementales.

Des discussions ayant traîné en longueur

Il y a une semaine, au lendemain des accords obtenus en Suède, l’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, avait réclamé au Conseil de sécurité un déploiement d’observateurs en urgence. Les discussions entre membres du Conseil de sécurité ont cependant traîné en longueur. A la demande des Etats-Unis, une mention accusant nommément l’Iran de soutenir des attaques de houthistes avait été ajoutée au texte. La Russie est intervenue pour menacer d’utiliser son veto si cette mention était gardée. Une offre de compromis a remplacé le mot Iran par une condamnation du soutien apporté aux houthistes, « quelle que soit sa source ». Dans la résolution adoptée vendredi, l’ensemble du paragraphe concerné a été supprimé.

La Chine et la France se sont félicitées vendredi de l’« unité » retrouvée du Conseil de sécurité. « La résolution adoptée à l’unanimité est un fort signal d’unité et d’engagement du Conseil » et affirme tout son « poids » derrière les efforts de l’ONU au Yémen, a relevé l’ambassadeur français, François Delattre.

Sans compter les renouvellements annuels du régime de sanctions concernant le Yémen, il s’agit de la première résolution adoptée par le Conseil de sécurité depuis 2015 et l’entrée en guerre de la coalition arabe. Le texte adopté alors réclamait aux houthistes de quitter toutes les emprises au Yémen acquises par les armes.

Le 8 décembre, l’ONU avait estimé que jusqu’à 20 millions de personnes étaient « en situation d’insécurité alimentaire » au Yémen, où la guerre a fait plusieurs dizaines de milliers morts depuis plus de quatre ans.

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