C’est probablement la pire des peines pour l’animateur de radio argentin Baby Etchecopar, célèbre pour ses attaques verbales contre les féministes, qu’il traite volontiers de « féminazis » ou de « dégoûtantes » dans son programme « El Angel del Mediodia » (L’Ange de midi), diffusé sur Radio 10.

Inculpé pour discrimination et violence de genre, il a été condamné, jeudi 20 décembre, à recevoir des féministes pendant son émission et à leur céder le micro, dix minutes par semaine, pendant cinq mois, à partir de la rentrée de mars, après la trêve de l’été austral. Cet espace sera sans publicité et le journaliste n’aura pas le droit d’interrompre ses invitées ni de les critiquer pendant qu’elles parlent, ni non plus après leurs interventions. Pendant un an, Baby Etchecopar devra en outre se garder de propos offensants contre les femmes et il devra faire don de 15 000 pesos (350 euros) à l’association catholique de charité Caritas.

« Il m’a semblé important que les auditeurs de Baby Etchecopar puissent écouter d’autres voix et d’autres explications, différentes de celles dont ils ont l’habitude, a précisé, à Buenos Aires, le procureur Federico Villalba Diaz. C’est une idée non punitive, mais qui vise à améliorer la tolérance. »

Loi contre la violence machiste

Autre trophée pour les féministes : le Sénat a voté en seconde lecture, mercredi 19 décembre, et à l’unanimité, la loi dite « Micaela », destinée à lutter contre la violence machiste, et qui prévoit que les fonctionnaires des trois pouvoirs reçoivent une formation sur l’égalité femmes-hommes. Le nom de la loi, maintes fois repoussée, rend hommage à Micaela Garcia, une jeune fille de 21 ans enlevée, violée et assassinée en avril 2017, dans la province d’Entre Rios (nord-est).

Cette loi a été traitée d’urgence au Congrès à la demande du président de centre-droit Mauricio Macri, dans la foulée du témoignage d’une comédienne qui a accusé, le 11 décembre, un acteur célèbre de l’avoir violée quand elle avait 16 ans. Cette bouleversante confession a entraîné un mouvement #metoo local, avec une avalanche de dénonciations sur les réseaux sociaux.

Les féministes sont fortement mobilisées en Argentine contre les violences faites aux femmes, depuis une série de viols et d’assassinats qui avait déclenché, en 2015, la vague #niunamenos (« pas une seule [femme] de moins »). Malgré le rejet par le Sénat, le 9 août, de la légalisation de l’avortement, leur lutte continue et la thématique de genre s’annonce comme l’un des grands débats de la campagne en vue des élections législatives et présidentielle d’octobre 2019.