Des Hongrois manifestent contre la réforme du droit du travail voulue par le gouvernement Orban, à Budapest le vendredi 21 décembre. / MARKO DJURICA / REUTERS

Plusieurs milliers de manifestants ont défilé vendredi 21 décembre à Budapest au lendemain de la promulgation de la loi hongroise assouplissant le temps de travail, une réforme très controversée qui a déclenché une vague de manifestations depuis son vote au Parlement.

La manifestation de vendredi devrait être la dernière avant les fêtes de fin d’année, mais l’opposition espère maintenir la mobilisation après le 1er janvier 2019. Ce mouvement de protestation a été déclenché le 12 décembre par le vote au Parlement de cette loi qui porte à 400 le nombre des heures supplémentaires annuelles que les employeurs pourront demander à leurs salariés, payables trois ans plus tard.

Vendredi, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a défendu cette réforme contre des manifestants « hystériques ». « Ceux qui crient à la fin du monde sont ceux qui ont ruiné le pays et leurs mensonges n’ont pas de limites », a commenté à la radio publique le chef de l’Etat à propos des protestataires.

« Nous boycotterons les oligarques par des moyens pacifiques »

Le mouvement de contestation, qui a débuté de façon informelle, a été marqué par des échauffourées inédites avec les forces de l’ordre devant le siège du Parlement. Il a depuis été endossé par les syndicats et par l’opposition, dont toutes les composantes (gauche, libéraux et extrême droite) ont pour la première fois uni leur voix.

Aux revendications concernant la loi sur le droit du travail s’est ajoutée une dénonciation de la mainmise du parti Fidesz de M. Orban (au pouvoir depuis 2010) sur les médias, l’économie et la justice. Une douzaine de députés d’opposition avaient occupé dans la nuit de dimanche à lundi le siège de la télévision publique accusée de partialité.

Avant la manifestation de vendredi, le président du parti d’opposition de gauche MSZP, Bertalan Toth, a mis en garde le pouvoir en place :

« Nous allons élargir les manifestations et les protestations [en visant] là où ça fait mal, c’est un régime bâti sur la cupidité et nous boycotterons les oligarques par des moyens pacifiques (…) Nous allons cibler ceux que le régime de Fidesz sert avec ses lois. »

Selon un sondage publié vendredi par l’institut Publicus, plus des deux tiers des Hongrois estiment que les manifestations sont justifiées. Ces manifestations n’ont cependant culminé qu’à 15 000 personnes au cours d’un rassemblement à Budapest dimanche, loin des 60 000 qui s’étaient rassemblées en avril 2017 pour dénoncer des mesures contre les ONG et l’« université Soros » ou de la contestation d’un projet de taxe internet en 2014.

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